HOTELLERIE MAURICIENNE: Plus d’investissements pour plus de services

L’annonce d’un hôtel six étoiles sur l’île aux Bénitiers rappelle la volonté de nombreux promoteurs d’investir gros dans le secteur. Pour se faire une place dans un segment très concurrentiel, il faut conjuguer investissements conséquents et esprit créatif. L’exception est certainement le maître mot.

On l’a compris depuis longtemps. Le tourisme est l’un des secteurs moteurs de l’économie. Tant que les projets hôteliers – nouvelles constructions, extension ou rénovation – fleurissent à travers l’île. Accueillir 2 millions de touristes dans le court terme nécessite de mettre l’île en chantier. De mettre les bouchées double aussi pour accroître la capacité du parc hôtelier. Ce ne sont pas moins de 27 projets qui ont été annoncés, soit Rs 29 milliards investies pour 5 000 chambres additionnelles. 

L’objectif est certes de loger ces 2 millions de visiteurs. Mais il est aussi d’offrir de nouvelles gammes de produits pour satisfaire une clientèle exigeante. Car le segment visé est celui du haut de gamme. C’est ainsi que la vague du bien-être profite avantageusement au opérateurs. Les spa sont devenus des éléments incontournables. La concurrence est devenue plus rude en la matière. Alors on parie sur l’atmosphère, les thèmes, et bien entendu des services inédits. Ainsi, le partenariat avec une marque internationale (Clarins, Givenchy…), en ce qui concerne les spa, aide à démarquer l’hôtel. Autrement, les hôteliers développent eux-mêmes leur propre concept qu’ils déclinent dans chacun de leurs hôtels (Seven Colors, Six Senses…). 

«Miser sur le luxe» 

Les nouveaux projets hôteliers vont donc dans ce sens. Mais l’objectif pour être compétitif est de faire mieux. Et plus original. La singularité peut tenir au site même. Le six étoiles annoncés par la société Soolaman Nubheeboccus parie grandement sur l’île aux Bénitiers sur lequel l’hôtel sera construit. L’exception vient de l’exil géographique. 

L’hôtel Intercontinental, actuellement en construction à Balaclava, mise sur le luxe porté à son paroxysme. Ravi Nagpal, le chief executive de Lateral Holdings Ltd, promoteur du projet, soulignait, dans nos colonnes: «Luxe, confort, et toutes les facilités sont là pour vous connecter avec vos amis, vos parents, votre business et des événements mondiaux, ajoute-t-il. Téléviseurs à écran plasma et interactif, Wifi (Internet à haut débit sans fil), iPods. Chaque salle de bains est dotée d’un jacuzzi, et vous pouvez vous relaxer en ayant une vue splendide sur mer. C’est la même vue qu’offrira chaque chambre d’ailleurs, aussi bien que le spa et le centre de remise en forme.» 

Les normes internationales sont également bousculées pour aller encore plus loin. L’exception est le comble du luxe. Et faire mieux que le concurrent, l’obsession majeure. Ainsi, pour l’Intercontinental toujours, les chambres seront de 60 mètres carrés au lieu de 35 mètres carrés selon les normes. 300 000 USD seront dépensés pour chacune d’elle… 

Les 27 projets annoncés devraient tous être achevés d’ici 2010. Peu d’informations filtrent auprès des promoteurs. Le secret doit être préservé pour que les petits plus soient véritablement compétitifs. La recherche de la formule payante est essentielle pour que l’hôtel se démarque et soit viable dans ses opérations. 

Le Sugar Beach fait peau neuve pour soutenir la concurrence 

■ Les groupes hôteliers ne négligent pas leurs avoirs existants. Pour rester compétitif, et parce que le marché du luxe est dynamique, les rénovations ou extensions sont un impératif. C’est ce qu’entreprennent les groupes mauriciens, entre autres, Sun Resorts et Beachcomber. Le Sugar Beach du groupe Sun a fait un lifting récemment. L’hôtel de Wolmar a ouvert ses portes le 3 août dernier avec une nouvelle décoration et des services additionnels. «Sun Resorts affiche une volonté affirmée de favoriser un portefeuille d’hôtels haut de gamme de 4 étoiles à monter. Depuis la rupture avec le label One & Only, il nous a fallu repositionner nos hôtels. Dans ce sens le Sugar Beach a été enrichi de touches contemporaines et est passé à 5 étoiles. Si l’architecture extérieure a été préservée dans l’ensemble, un grand effort a été entrepris pendant les huit mois de travaux au niveau de la décoration intérieure, plus contemporaine. 20 chambres ont aussi été ajoutées et de nouveaux services lancés», explique le directeur de la communication du groupe, Clyde Vacher. L’un des points forts du Sugar Beach nouvelle formule est l’accent mis sur le bien-être. Force est de reconnaître que presque tous les hôtels de luxe proposent des spa et autres soins. L’objectif est donc de se démarquer. Pour ce faire, le groupe Sun a créé une marque spécifique développée au sein du centre de remise en forme de l’hôtel. Les soins se veulent donc originaux et inédits. C’est le concept Aura que les clients retrouveront dans le hammam, «certainement le plus grand de l’océan Indien». Malgré la désaffection du tourisme international qui se profile, les hôteliers rivalisent d’imagination pour placer avantageusement leurs produits tant la concurrence est rude localement et internationalement.

Un secteur en plein boom 

■ Les deux figures soulignent l’importance du secteur touristique dans l’économie. La constante progression des chiffres, qu’il s’agisse des revenus ou des arrivées, témoignent de la politique engagée. De fait, les hôteliers suivent la tendance et les investissements se multiplient. Toutefois, si le parc hôtelier est moins étoffés qu’en 2004, il faut rappeler que de nombreux établissements ont fermé leur portes pour rénovation ou extension alors que d’autres sont en projets. Les professionnels du secteur s’attendent à des turbulences. Malgré tout, le tourisme reste un secteur moteur, qui par effet de liaison, permet à d’autres secteurs de fonctionner (construction, services…).