Crise financière : l'effet domino menace l'Afrique

Xinhua,1er octobre 2008

La crise financière qui frappe les pays occidentaux risque de produire un effet domino qui pourrait porter atteinte à la croissance économique en Afrique, ont indiqué mardi des responsables et des experts en finances africains.

Les pouvoirs d'achat des peuples américain et européen ont été affaiblis par la situation économique très affectée de leurs pays, qui freinera à son tour les exportations de l'Afrique, a analysé le ministre ougandais des Finances, Ezra Suruma, lors d'une réunion sous-régionale de l'Afrique australe et orientale.

Via les programmes sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA, Africa Growth and Opportunity Act) et Tout sauf des armes (Everything But Arms), les pays africains exportent leurs produits vers les Etats-Unis et l'Union européenne respectivement sans droits de douanes, ni quotas.

Selon les chiffres officiels, les exportations africaines aux Etats-Unis dans le cadre du programme AGOA ont triplé pour atteindre 67,4 milliards de dollars en Pour l'économiste en chef du groupe bancaire sud-africain Standard, Goolam Ballim, la crise "pourrait se propager dans le monde entier, y compris sur les marchés émergents", et "affecterait évidemment les exportations de l'Afrique du Sud".

"Si, tel que l'on le prévoit, la demande globale demeure faible durant une période prolongée, cela diminuera la demande pour les biens et les services provenant d'Afrique du Sud", a analysé M. Ballim.

La semaine dernière, le gouverneur de la Banque d'Ouganda, Tumusiime Mutebile, a averti que la crise pourrait porter un coup dur aux investissements et à l'assistance extérieure à son pays à long-terme.

Chercher une alternative ou adopter des réformes

L'Afrique devrait explorer de nouveaux marchés pour ses produits, tels que l'Inde, la Chine et d'autres marchés asiatiques, a proposé le ministre ougandais des Finances, lors d'une concertation avec ses homologues des Etats membres du COMESA (Marché commun des Etats d'Afrique australe et orientale).

L'une des options consiste à accroître les exportations africaines vers les pays asiatiques, qui n'ont apparemment pas été touchés aussi profondément, a indiqué Ezra Suruma.

Il a par ailleurs appelé à une révision du concept du capitalisme. "Le capitalisme ne pourra plus se maintenir en l'état, et la réglementation gouvernementale est peut-être inévitable. Nous devons nous préparer à un nouvel ordre mondial", a-t-il lancé.

Cependant, a indiqué M. Suruma, le réexamen du concept de capitalisme ne signifie pas l'abandon complet de l'économie de marché.

Pour Mohit Dhoorundhur, président du Conseil d'administration de la Preferential Trade Area Bank, les pays africains doivent procéder à des réformes du secteur des finances pour prévenir tout effet domino.

"Le défi des banques, tant au niveau national qu'au niveau continental, consiste à reconnaître la nécessité de changement, et à montrer leur détermination à entreprendre des réformes rapides, alors que la crise est encore loin", a souligné M. Dhoorundhur.

Il a exhorté les actionnaires de la banque à prendre des mesures préventives pour répondre à cette crise financière qui a déjà provoqué la déroute des Bourses mondiales, notamment à Wall Street.