L’Afrique du Sud courtise les investisseurs de la City

02-10-2008 / Par Charles Bambara, Londres.

Une centaine d’investisseurs potentiels ont été invités à l’ambassade sud-africaine qui jouxte Trafalgar Square. Les Afriques était parmi les rares invités presse à cette rencontre d’affaires.


130 milliards de dollars par an, voilà ce que représente le secteur de la délocalisation et de la sous-traitance dans le monde. Et les perspectives d’évolution dans les cinq prochaines années sont bonnes, avec une croissance annuelle de l’ordre de 50%. D’où l’intérêt, pour la première puissance économique du continent, de tenter de tirer pleinement profit de ces opportunités.

C’est pourquoi le numéro deux du DTI, Iqbal Meer Sharma, a fait le déplacement de Londres accompagné d’un parterre de directeurs généraux d’entreprises internationales délocalisées et déjà opérationnelles en Afrique du Sud.

Sous le thème : « Introduction pour la sous-traitance et la délocalisation des services financiers en Afrique du Sud », il s’agissait, pour les responsables sud-africains, de convaincre les entreprises britanniques de venir s’installer dans les villes sud-africaines ou, tout au moins, de passer des contrats de sous-traitance. Le DTI a présenté une liste d’une cinquantaine de compagnies internationales déjà délocalisées ou utilisant de la sous-traitance en Afrique du Sud : IBM, Shell, Accenture, Barclays, Tata Consultancy Services, Lufthansa, etc.

Pourquoi délocaliser ou sous-traiter ?

Pour Iqbal Sharma, l’Afrique du Sud en devenir propose une offre unique en termes d’expertise, de similitudes des normes de travail avec l’Europe ou les Etats-Unis, et le pays n’a aucun complexe face aux BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) en termes d’ambition de développement. Le coût de la main d’œuvre est bas alors que le standard de production et de travail est comparable à celui de Londres, Tokyo, Francfort ou New-York. Au niveau des assurances, par exemple, l’Inde n’a libéralisé ce secteur qu’à partir de 1999, et jusque là il n’y a pas une grande sophistication de ce secteur. Par contre, en Afrique du Sud, c’est un secteur depuis longtemps en expansion, qui travaille et partage les normes et régulations britanniques, avec un marché d’une valeur de plus de 50 milliards de dollars. Il en est de même au niveau du système bancaire indien, qui reste très nationalisé avec une faible culture du crédit, alors qu’en Afrique du Sud il y a des banques de réputation internationale bien établies, dotées d’une forte culture du crédit.

Les perspectives économiques du pays sont bonnes malgré la crise de l’électricité. L’Afrique du Sud dispose de la moitié des réserve, de zircon connues dans le monde, et le pays est l’un des principaux producteurs de chrome, de vanadium, de manganèse, de platine, de silicates d’aluminium, de charbon, d’or et de diamant. Il dispose aussi des meilleures infrastructures routières, ferroviaires et aériennes du continent.

Les soutiens gouvernementaux

La crise économique mondiale pourrait encourager d’autres entreprises britanniques et internationales à délocaliser davantage ou à sous-traiter. Pour les inciter, au-delà des facilitations administratives, le gouvernement a également mis en place des bourses de formation pour les entreprises créant plus de 200 emplois. L’Etat s’engage à investir dans la formation de Sud-Africains devant travailler dans ces entreprises délocalisées pour leur fournir la main d’œuvre adéquate. Chaque Sud-Africain selon ce schéma peut, si nécessaire, bénéficier d’une formation de 1200 à 60 000 rands sud-africains.

A la fin de cette conférence, l’optimisme semblait partagé entre les organisateurs et les participants sur les atouts réels qu’offre l’Afrique du Sud en matière de délocalisation et de sous-traitance, et pour Iqbal Sharma, il ne faisait aucun doute que des contrats seront signés dans les jours et semaines à venir.

Les atouts sud africains

Au-delà des crises énergétiques qui ont perturbé en début d’année les productions industrielles et l’appareil de production sud-africain, le pays de Nelson Mandela reste de loin le pays africain le plus puissant économiquement.
•En 2007, l’Afrique du Sud représentait 25% du PIB du continent (283 milliards de dollars). La seule ville de Johannesburg a un PIB supérieur au Cameroun et à la Cote d’Ivoire réunis.
•L’Afrique du Sud fait partie des 26 nations les plus industrialisées du monde.
•Le pays est à la 35e place des pays où il est le plus aisé de faire de affaires.
•La Bourse des valeurs de Johannesburg, première en Afrique, fait partie des vingt plus importantes au niveau mondial.
•Comparée aux autres marchés émergents, l’Afrique du Sud a un coût de production relativement bas.