«Les centres offshore sous pression»

Pour Kee Chong Li Kwong Wing, économiste, les gouvernements européens et américain vont tenter de récupérer des fonds placés dans des paradis fiscaux. Ceci pourrait les aider à remettre les finances internationales en ordre.

Les initiatives s’accélèrent en Europe, comme aux États-Unis et en Asie, pour essayer de trouver une solution à la crise financière internationale. Devant cette situation, Kee Chong Li Kwong Wing, économiste et ancien conseiller au ministère des Finances, estime que «les centres offshore seront sous pression». «Ils seront les boucs émissaires. Il faut qu’on s’y prépare et qu’on prenne les précautions nécessaires», dit-il. 

Il se dit d’avis que cette crise «est une crise de confiance de tout le système capitaliste, qui a ouvert les vannes à toutes sortes de spéculations folles et irresponsables basées sur la maximalisation des gains, qui est aujourd’hui en chute libre». 

Kee Chong Li Kwong Wing estime que les gouvernements européens et américain, comme ils l’ont dit, vont s’attaquer aux paradis fiscaux et aux centres offshore et faire pression sur eux pour récupérer l’argent. 

Or, dit-il, ces mêmes gouvernements ont laissé pourrir la situation et ont laissé le marché spéculer. Le manque de contrôle a donné lieu à des excès et des abus. Ils vont demander au grand public et aux contribuables de payer la facture, et ce sera à travers des impôts, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou en Asie. 

Il se peut, ajoute-t-il, qu’à Maurice «nous n’allons pas sentir cela tout de suite». «Mais si les grandes économies sont affectées, je ne vois pas comment Maurice pourra échapper. Il nous faut prendre des précautions pour minimiser l’impact de la crise. Je ne suis pas pessimiste. En prenant les précautions à Maurice, nous pouvons minimiser les dégâts». Après la faillite de banques et le krach boursier, «c’est la faillite des compagnies d’assurance qui est derrière la porte, si les gouvernements n’interviennent pas pour les nationaliser». 

Mais selon Patrick Ng, du cabinet de consultants Ernst & Young, le secteur financier sera épargné des effets directs de la crise. D’abord, il y a l’approche conservatrice vis-à-vis des prêts. Les banques locales sont financées principalement à travers des dépôts locaux. Comme les institutions financières, elles n’ont pas investi dans les marchés de crédit internationaux, et il n’y a pas un marché interbancaire. 

En revanche, dit Patrick Ng, les exportations et les services seront affectés. «Il y aura un ralentissement dans la demande pour nos produits et services, en raison d’une perte de confiance des consommateurs à l’étranger et les crédits ne seront pas accordés comme par le passé». 


Baisse de croissance 

Et ce manque de facilités de crédit produira des effets sur l’investissement direct extérieur, dans les secteurs comme l’Integrated Resorts Scheme, les hôtels et l’immobilier. «En cette période de crise, les entreprises mauriciennes auront à bien gérer leurs cash-flows», estime Patrick Ng. 

Dans un communiqué, le Monetary Policy Committee (MPC) de la Bank of Mauritius dit être inquiète de l’ampleur de la crise financière internationale et de ses incidences sur l’économie mauricienne. «La crise financière n’est pas encore à sa fin, et ses répercussions pourraient se prolonger. Nous nous attendons à une reprise économique graduelle à l’échelle internationale vers la fin de 2009». 

Le MPC ajoute que bien que l’économie nationale ait résisté aux turbulences venant de l’extérieur, «il apparaît de plus en plus évident que la baisse de la demande sur les principaux marchés d’exportation a empiré les perspectives de croissance du secteur de l’export. Dans le même temps, les arrivées touristiques pourraient être plus faibles que prévues». 

«En conséquence, conclut le MPC, les risques de baisse de la croissance se sont intensifiés. Dans un tel contexte, il deviendrait difficile que le rythme actuel d’expansion économique soit maintenu.» 

A l’international, les démarches se multiplient pour tenter de retrouver la sérénité. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a invité les autres pays de l’Union européenne à adopter un «plan européen de financement» pour contrer cette crise. 

Alistair Darling, ministre britannique des Finances, proposerait vendredi une réforme de la régulation du système financier lors d’une réunion, à Washington, des ministres des Finances et banquiers centraux du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni). 

Ces déclarations interviennent après l’annonce d’un vaste plan de sauvetage bancaire par le gouvernement britannique, comprenant la nationalisation partielle des premières banques du pays, en vue de rétablir la confiance dans le système financier. 

Le président français Nicolas Sarkozy annonce de nouvelles initiatives européennes pour résoudre la crise.