Les BRIC veulent un plus grand rôle dans le système financier

par Todd Benson et Elzio Barreto, 08/11/2008, SAO PAULO (Reuters)

Les économies émergentes ont réitéré leur volonté de jouer un rôle plus important dans le système financier international, soulignant que la crise prouvait la nécessité de les inviter à la table des grands pays industriels.

Le groupe dit des "BRIC" - Brésil, Russie, Inde et Chine - s'est réuni à Sao Paulo la veille de discussions élargies et a adopté pour la première fois une position commune. Ils ont appelé de leurs voeux une réforme des institutions comme le Fonds monétaire international afin de prendre en compte leur place grandissante dans l'économie mondiale.

"Les pays émergents sont prêts à assumer les conséquences financières d'une participation plus grande au FMI", a déclaré le ministre brésilien des Finances Guido Mantega. "Il n'y a pas de raison que nous augmentions nos participations si les grands pays conservent leur pouvoir de veto."

La crise financière a particulièrement affecté les Etats-Unis et l'Europe, qui demandent désormais aux pays émergents de contribuer davantage au FMI, chargé de protéger les petits pays de la crise.

En contrepartie, les nouveaux poids lourds mondiaux, comme les pays du "BRIC", veulent obtenir davantage d'influence sur le fonctionnement des institutions internationales, qui demeure depuis leur création la chasse gardée des grandes puissances.

CONCURRENCE BRÉSIL-CHINE ?

Le poids de pays émergents dans les votes décisionnels au FMI a été accru en mars, mais beaucoup estiment que cette réforme n'est pas suffisante pour peser sur les décisions.

Dans un communiqué commun, les ministres des Finances des quatre pays ont également demandé l'ouverture immédiate du Forum de stabilité financière, créé en 1999 par le G7, à d'autres membres.

La réunion du "BRIC" était organisée à la veille de celle des ministres des Finances et banquiers centraux du G20, qui sera marquée par la préparation du sommet du 15 novembre à Washington sur la crise financière.

Le Brésil entend en profiter de sa situation d'hôte pour asseoir sa position, d'autant qu'après une décennie de croissance record, il a mieux digéré cette crise que les précédentes.

Malgré sa préférence pour ses affaires intérieures, la Chine devrait cependant lui disputer le premier rôle des pays émergents, du fait de son poids économique et de ses réserves de devises, qui atteignent quelque 2.000 milliards de dollars.

Selon des économistes, les pays émergents auront des difficultés à faire valoir une approche commune constante en raison de la divergence de leurs intérêts.

L'Union européenne, de son côté, s'est préparée vendredi à faire front commun lors d'un sommet à Bruxelles, à l'issue duquel ses membres du G20 - dont l'UE en tant que telle - ont obtenu un mandat informel pour défendre, selon le président français Nicolas Sarkozy, une "vision de l'Europe pour la refondation de notre système financier".