Les infrastructures déficientes sont un frein à la croissance de l'Inde

19.3.2007

Si certains voient en Bangalore une nouvelle version de la Silicon Valley , le trafic en Californie est sans comparaison avec celui surchargé sur la route d’« Electronics city ».

Avec pratiquement aucun transport collectif à Bangalore, la firme indienne Infosys Technologies Ltd dépense 5 millions $ par an pour transporter par bus, minivans et taxis ses 18 000 employés de et vers « Electronics city ». De plus, les embouteillages sont tels que les travailleurs peuvent y passer plus de 4 heures par jour. « L’Inde a insuffisamment investi dans les infrastructures pendant 60 ans et nous sommes maintenant 10 ou 12 ans en retard par rapport à nos besoins », déclarait Mr T.V Mohandas Pai, directeur des Ressources humaines d’Infosys.

Le boom économique de l’Inde se construit sur des bases fragiles. Les autoroutes, les ponts modernes, les aéroports de classe internationale, l’électricité et l’eau potable sont désespérément déficients. En Décembre dernier, un pont dans l’Est de l’Inde s’est écroulé, faisant 34 morts. Les pertes économiques dues seulement à la congestion du trafic et aux mauvaises routes se chiffrent jusqu’à 6 milliards $ par an, indiquait Mr Gajendra Haldea, conseiller auprès de la Commission Fédérale du Plan.

Pour toutes ces raisons, le secteur des technologies n’emploie aujourd’hui que 1,6 million de personnes. Le gouvernement a été choqué l’année dernière quand Intel Corp., le premier fabricant mondial de puces électroniques, a préféré le Vietnam à l’Inde pour installer une nouvelle usine pour l’assemblage de puces. Certains industriels attribuent ce choix au manque d’électricité fiable et d’eau en Inde.


L’insuffisance des infrastructures est si critique qu’elle pourrait empêcher le pays de gagner la prospérité qui semble enfin être à portée de main.


L’Inde aujourd’hui est ce que la Chine était il y a 10 ans. Si on revient en arrière, l’économie de la Chine était alors en pleine mutation mais ses routes et son électricité n’étaient pas à la hauteur. Aussi Pékin s’est-il lancé dans la construction sur plus de 25 000 miles de voies express qui traversent à présent le pays et qui sont aussi bonnes que les meilleures routes des Etats-Unis ou d' Europe.


L’Inde par contre n' a que 3 700 miles de ce type d’autoroutes. Et ce n’est pas étonnant que la Chine gagne le plus souvent dès lors que des sociétés étrangères mettent dans la balance l’installation de nouvelles usines en Chine ou en Inde.


La Chine investit environ 9% de son PNB dans les travaux publics comparé à l’Inde 4%. Et du fait de son régime autoritaire, la Chine obtient des résultats plus rapides. « Si vous voulez construire une route en Inde, il suffit de quelques personnes pour prendre une décision » déclarait M. Daniel Vasella, le directeur du géant pharmaceutique Novartis, « si vous voulez construire une route en Inde, les discussions peuvent prendre 10 ans avant d’aboutir à une décision ».


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Extr. de “The Trouble With India. Crumbling roads, jammed airports, and power blackouts could hobble growth”, Business Week (UK), 19/3/2007