IDE : ’Afrique du Sud s'intéresse à Maurice

Il y a moins d’un an, Maurice annonçait une nouvelle orientation économique axée sur l’ouverture économique. À la suite des visites en Afrique du Sud effectuées alors, une délégation d’investisseurs était dans l’île cette semaine.

Maurice se fait belle et cherche à séduire. Depuis l’annonce de la nouvelle orientation économique du pays lors du dernier exercice budgétaire, un apport plus conséquent de l’investissement étranger direct a été identifié comme l’un des éléments clés de la réforme économique. À travers un Board of Investment (BOI) revigoré, Maurice lorgne les investisseurs étrangers de manière de plus en plus insistante.


Depuis, les missions à l’étranger se succèdent et les chiffres d’investissements massifs de groupes étrangers sont régulièrement annoncés. Toute-fois, la chasse aux investisseurs est un long procédé sans garantie de réussite. Et une refonte de l’environnement des affaires locales était essentielle pour aspirer à plus de réussite. Mais malgré des résultats encourageants, dépendant des secteurs, tous les paramètres ne sont toujours pas totalement mis en place.


Premiers résultats concrets

Cette semaine a vu les premiers résultats concrets de cette vaste opération de séduction. Une délégation de 29 personnes d’Afrique du Sud était à Maurice jusqu’à vendredi dernier pour une session de travail, sur l’invitation du BOI. Cette visite fait suite à la première visite officielle du ministre des Finances, Rama Sithanen, et des représentants du BOI, après la présentation du budget 2006.

Raju Jaddoo, directeur exécutif du BOI, déclarait, il y a une semaine, que « cette visite est la suite d’un long travail que nous avons accompli avec la collaboration de notre représentant à l’ambassade de Maurice en Afrique du Sud. Les missions d’exploration sont terminées, ces gens sont à Maurice pour savoir où ils peuvent injecter leur argent. Nous allons faire un ciblage des personnes dépendant de leur profil et nous allons faire le tri en les dirigeant vers les secteurs clés que nous avons identifiés ».

Ainsi, plusieurs projets sont déjà en cours, notamment dans les domaines de la construction, l’immobilier, du marketing, des services financiers ou encore juridiques. À vendredi, plusieurs de ces directeurs de compagnies sud-africaines avaient déjà signé des accords avec des entreprises locales et d’autres ne sauraient tarder, à en croire le BOI.

Toutefois, les impressions conclusives de Deidre Penfold, de la South African Chamber of Business (Sacob), ont clairement fait ressortir que l’image de la destination touristique de Maurice occulte les autres possibilités que peut contenir l’environnement de l’île.

« Personnellement, j’ai souvent eu l’occasion de faire l’expérience de votre industrie touristique. Mais ce n’est qu’après cette démarche du BOI que je me suis rendu compte que nous pouvons apprendre beaucoup de vous », confie Deidre Penfold.


« Tous les ingrédients pour réussir »

La démarche du BOI de s’adresser à cette méconnaissance de l’environnement des affaires a permis à des entreprises comme SPICE d’entrevoir des possibilités de partenariat. C’est ainsi que Michelle Korevaar, représentante de l’agence spécialisée dans le marketing, fait part de sa réflexion sur les petites et moyennes entreprises (PME) et ceux qui ont perdu leur emploi à la suite de la chute de l’industrie du textile.

« Vous avez tous les ingrédients pour réussir : un bon environnement des affaires et un cadre juridique et fiscal séduisant. Mais vous péchez dans la communication et le marketing. Vous devez raconter votre histoire. Incorporez cela avec vos produits et vous serez plus compétitifs sur le marché régional », explique-t-elle. « C’est dans cette optique que nous avons établi un partenariat avec le SME Partnership Fund pour aider les PME. Notre expertise va leur permettre de développer de nouveaux produits et explorer des marchés auxquels ils n’avaient pas songé auparavant. »

Parmi les arguments de vente les plus efficaces, ce nouveau cadre juridique et l’environnement fiscal suscitent un intérêt particulier auprès des Sud-Africains, comme l’explique Someshni Naidu, présidente de la Blaauwberg and West Coast Chamber of Trade and Industry. « J’ai été particulièrement intéressée par l’environnement fiscal que propose Maurice. Plus encore, il y a le fait que Maurice n’est pas seulement une destination où on pourrait faire des affaires, mais aussi un endroit où nos partenaires pourraient vivre. »

C’est dans cet esprit qu’elle considère que les informations recueillies, notamment sur les projets Integrated Resorts Schemes (IRS) lors de cette visite, seront favorablement reçues par les 800 entreprises que regroupe la Blaauwberg and West Coast Chamber of Trade and Industry. À vendredi, certains membres accompagnant Someshni Naidu procédaient déjà à la signature d’accords avec des partenaires mauriciens. Mais tout n’est pas nécessairement rose pour ces investisseurs potentiels.

Car à l’image de Dr Ruben Gurie, qui opère dans la technologie buccodentaire de pointe, tous les paramètres ne sont pas toujours favorables. Ce dernier, ayant trouvé un marché pour les produits et services qu’il offre déjà en Afrique du Sud, s’est heurté à un Dental Council hostile. « Ils ne veulent pas autoriser notre entrée en opération à Maurice. Les raisons évoquées étaient floues, mais tout indiquait qu’ils ont des doutes quant à nos intentions. Nous sommes motivés, mais il faut absolument que les institutions de votre pays s’accordent sur cette politique d’investissement », insiste-t-il.


« Agréablement surpris »

À ce sujet, Dev Chamroo, directeur de la branche promotion du BOI, vient immédiatement rajouter que le « BOI est en discussion avec le Dental Council pour savoir ce qui cloche. Mais il ne faut pas oublier que la politique d’ouverture économique aux investisseurs est celle du gouvernement, et le secteur médical est un des secteurs prioritaires identifiés. Il ne faut pas que ce genre de détails pose problème ».

Outre ces « détails », Dev Chamroo dit que globalement, cette visite a été une grande réussite. « Ces gens voulaient savoir si Maurice était réellement la destination dont parle le BOI et ils sont agréablement surpris. Il faut préciser que, outre la délégation officielle, quatre autres compagnies sud-africaines ont fait le déplacement indépendamment du groupe. »

Après la séance de débriefing de jeudi dernier, la satisfaction régnait parmi les représentants du BOI et la délégation sud-africaine. Le résultat du premier « road show » du ministère des Finances et du BOI peut ainsi se résumer à cette citation de Dev Chamroo : « Quand vous voyez qu’une entreprise opérant dans l’industrie du plastique était venue ici pour chercher un client, mais repart avec l’intention de délocaliser une partie de sa production pour le marché du Comesa, on ne peut que s’en féliciter. »

Source : L'Express de Maurice, Dimanche 13 mai 2007 - No. 16152