APE : Maurice maintient son accès «duty-free» en Europe

A défaut d’un Accord de partenariat économique complet, l’UE et le groupe «Eastern and Southern Africa» sont parvenus à un arrangement interimaire. Le risque du «General System of Preferences» est écarté.

Par Akilesh ROOPUN, L'Express de Maurice, Jeudi 15 novembre 2007

Un accord commercial à l’arraché : Maurice préserve son accès en franchise de douane sur le marché européen. L’Union européenne (UE) et le groupe Eastern and Southern Africa (ESA), dont Maurice fait partie, sont parvenus à un arrangement intérimaire, faute d’un Accord de partenariat économique (APE) complet. «Il n’y aura pas d’interruption dans les échanges commerciaux avec l’Europe», se réjouit Madan Dulloo, ministre des Affaires étrangères et du Commerce international, dans un commentaire à l’express hier.

Les deux parties ont, en effet, réalisé qu’il serait pratiquement impossible de conclure un APE (complet) avant la fin de l’année, conformément au calendrier des négociations. Cet accord doit prendre le relais du composant commercial de l’accord de Cotonou qui régit les relations économiques entre l’Europe et le bloc des pays Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP). Dans la nouvelle configuration, le bloc ACP sera sous-divisé en plusieurs sous-régions, dont l’ESA. L’UE traitera avec ces sous-blocs, selon différents termes et des conditions.

En l’absence d’un accord avant le 31 décembre, les produits mauriciens couraient le risque de tomber sous le régime Generalised System of Preferences (GSP), soit un système qui offre des conditions nettement moins avantageuses que l’accord de Cotonou. Sous le GSP, les vêtements sont taxés à 12 % et les produits seafood à 20,5 %. Dans ces conditions, la compétitivité de nos industries d’exportation aurait pris un sérieux coup.

«Nous sommes satisfaits de la conclusion des négociations. L’accord intérimaire est conforme aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)», soutient Madan Dulloo. Les ministres du Commerce international de l’ESA et la Commission européenne (CE), représentés par Peter Mandelson, commissaire au Commerce, et Louis Michel, commissaire au Développement, sont arrivés à un accord sur l’essentiel du texte de commerce transitoire. Les techniciens ont été mandatés pour compléter l’accord d’ici le 23 de ce mois. Le texte devrait être approuvé au plus tard le 10 décembre, afin de permettre aux services douaniers des divers pays européens de procéder aux ajustements nécessaires.

«L’accord intérimaire dure jusqu’au 31 décembre 2008. Cela permettra aux pays qui ne sont toujours pas à l’aise avec l’APE de se rattraper. Entre-temps, les négociations pour un accord complet vont se poursuivre», explique le chef de la diplomatie mauricienne. L’EPA exige la réciprocité dans les échanges. C’est-à-dire que les Etats de l’ESA vont devoir eux aussi ouvrir leurs marchés aux produits européens, à travers des réductions douanières. Les pays de cette zone ont eu beaucoup de difficultés à formuler une offre d’accès au marché à l’UE en raison de leur niveau de développement inégal.


istance technique t financière

«Maurice n’a pas eu à faire beaucoup d’efforts dans ce sens. Nous étions déjà engagés dans un processus de démantèlement des tarifs depuis plus de dix ans», affirme le ministre. Par contre, la libéralisation du commerce sous l’APE a de sérieuses implications pour plusieurs autres pays dont les marchés sont toujours très fermés. Certains Etats de l’ESA avaient même réclamé des dérogations couvrant jusqu’à 90 % de leurs importations. L’arrangement transitoire tient compte des contraintes de ces pays, dans une certaine mesure.

Avec la conclusion de l’accord transitoire, Maurice n’a pas eu à mettre en pratique son plan B qui consistait à négocier un APE à travers un bloc restreint composé des îles de l’océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice et Seychelles – CMMS). N’empêche que le groupe CMMS va continuer à discuter avec l’UE sur des sujets autres que le commerce.

«Nous mettons l’accent sur le volet développement. Nous recherchons des financements de l’Europe pour pouvoir réaliser des projets communs dans la région, tels le transport maritime et les télécommunications. Il nous faut aussi de l’aide pour renforcer les capacités industrielles dans nos pays respectifs», avance Madan Dulloo.

Maurice et ses pairs revendiquent un plus grand apport en termes d’assistance technique et financière pour développer l’infrastructure économique. Les nouvelles capacités devront permettre à ces pays d’élargir la palette de produits et de services exportables et aussi de rehausser la compétitivité des exportations.