Apres le Kenya... le Cameroun
Douala, deuxième ville camerounaise, est en ébullition. En l’espace de deux jours, l’on dénombre 8 morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels très importants. La situation demeure tendue malgré un calme relatif… calme qui précède sûrement la tempête.
En effet, si les incidents de Douala sont imputables à la grève des transporteurs à la suite de l’augmentation du prix du pétrole qui a entraîné la flambée des autres prix des denrées alimentaires, ce fait social ne serait que cette goutte d’eau qui déborde le vase. Depuis quelques semaines, en effet, le Cameroun est en effervescence à la suite de la décision du président camerounais de modifier la Constitution en sa faveur. Un débat houleux, sur la délimitation ou non du mandat présidentiel, caractérise l’activité politique camerounaise, chaque camp y allant de son train pour faire prévaloir ses arguments. C’est dans cette effervescence politique que les deux camps ont projeté l’organisation des manifestations politiques pour faire la démonstration de leurs capacités de mobilisation. A Douala, le meeting reporté de l’Opposition s’est soldé par la mort de deux personnes. Et la grève des transporteurs n’en a fait que rajouter, avec ses morts, à telle enseigne que l’on s’attend inévitablement à « une récupération politique » de la situation.
Fait qui ne surprendrait personne, du moins des observateurs avertis de la politique africaine. On est en train d’assister à « un effet de contagion » qui couvre toute l’Afrique centrale. Tout est parti du Kenya, ensuite le Tchad a été atteint en même temps que l’on observait des agitations en Rca. Et voilà maintenant le Cameroun qui est touché.
Tous ces faits doivent interpeller les autorités de l’Afrique centrale et imposer une réflexion profonde. Certes, l’on peut se permettre d’affirmer qu’il n’y a pas de comparaison entre la bataille de N’Djamena et les émeutes de Douala. Erreur. Tous ces faits ont un dénominateur commun : un malaise politique.
Au Cameroun, la décision du président camerounais de réviser la Constitution divise profondément la classe politique ; qu’il n’y a point d’adhésion populaire « unanime » à cette proposition. Le temps de l’alternance politique a certainement sonné pour le Cameroun. Que l’on ne s’y méprenne pas. Toute résistance à l’alternance serait ce détonateur qui basculerait ce pays dans la violence avec toutes les conséquences imprévisibles. Partant, le moindre incident, social soit-il, favoriserait toute récupération politique.
Les nuages sont donc sombres au-dessus de l’Afrique centrale. Que l’on ne se fasse point d’illusion. L’on assiste quasiment à quelque chose qui ressemble à « des vases communicants », avec des effets d’entraînement dévastateurs. Pourvu que la réunion de Libreville de lundi et mardi du COPAX sur la paix et la sécurité dans les pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale, CEEAC, ait analysé tous ces aspects du problème. Question d’éviter les impondérables résultant d’une mauvaise appréciation des incidents, tant social que politique.