INDE: Le tourisme a le vent en poupe

Raja M, Asia Times Online, 21 mars 2008

Le budget 2009 de l'Inde, adopté le 29 février, n'accorde pas une grande enveloppe au tourisme. Cependant, l'étude économique pour 2007-2008, menée par la ministère des Finances, réconforte les entreprises concernées. Elle parle de perspectives réjouissantes pour ce secteur qui a déjà connu une croissance de plus de 25 % l'année dernière. Mais les gains records de 2007 ne seront peut-être que des broutilles si le pays poursuit sa très bonne campagne de promotion du tourisme – "Incredible India!" [Inde incroyable] – tout en développant de meilleures infrastructures pour accueillir les voyageurs. Sans compter les fruits que le gouvernement peut retirer du fait que l'Inde ait été élue destination touristique favorite par les lecteurs du magazine Condé Nast Traveller UK [en septembre 2007]. Le pays arrive ainsi devant l'Italie, la Thaïlande, l'Australie et New York, après avoir été quatrième en 2006 et dixième en 2004. Une enquête réalisée par les guides Lonely Planet dans 167 pays le classe également parmi les cinq destinations préférées des touristes.

Ainsi l'Inde a accueilli plus de cinq millions de touristes au cours de la dernière année financière et, pour la cinquième année consécutive, le nombre de visiteurs a progressé, avec une augmentation de 13 % par rapport à 2005-2006, selon les chiffres officiels. Les autorités espèrent accueillir six millions de touristes en 2007 et dix millions en 2010. "Le secteur présente un fort potentiel en termes de revenus et d'emploi pour tout le pays", a déclaré la présidente de l'Union indienne [l'Etat indien], Pratibha Devsingh Patil, le 25 février au Parlement. "Les revenus en devises étrangères issus de ce secteur ont atteint 12 milliards de dollars en 2007."

Au-delà de l'augmentation du nombre de visiteurs, les entreprises constatent d'autres évolutions positives. "Par rapport à il y a cinq ans, nous voyons davantage de touristes aisés", confie Suresh Pundir, un hôtelier. Et les pays d'origine se diversifient également. "Avant, nous recevions essentiellement des Américains, des Britanniques et des Israéliens. Mais nous avons tout d'un coup un afflux de gens venant de Russie, du Brésil, de Corée du Sud et de France", ajoute-il. Ils sont à la recherche d'activités variées – rafting, trekking, alpinisme, par exemple.

Toutefois, la bonne santé de la roupie, qui a gagné plus de 10 % par rapport au dollar américain l'année dernière, influence l'industrie touristique. Elle rend les voyages à l'étranger moins chers pour les Indiens, mais le pays devient, par ricochet, plus cher pour les étrangers ; et les tour-opérateurs constatent déjà une baisse de la fréquentation sur certaines destinations.

Mais la croissance de l'économie et de la prospérité du pays encouragent le tourisme intérieur, qui croît de 25 % par an. Cette augmentation des visiteurs nationaux et étrangers pèse sur les infrastructures du pays. Ainsi, l'industrie du tourisme estime qu'il manquerait à l'Inde 100 000 chambres d'hôtel. C'est pourquoi le budget proposé par le ministre des Finances Palaniappan Chidambaram a déçu les entreprises du secteur. Il ne leur accorde pas le statut d'"infrastructures" qu'elles réclamaient, une disposition particulière qui offre des avantages fiscaux et aurait favorisé les investissements. Le budget ignore le tourisme tout en faisant des cadeaux aux exportateurs afin de limiter l'effet de l'appréciation de la roupie. Selon le ministère du Tourisme, le secteur emploie pourtant plus de 42 millions de personnes et représente 6,11 % du produit intérieur brut indien.

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