La grève générale au Zimbabwe ne prend pas, l'ANC hausse le ton
L'Express, mardi 15 avril 2008
L'appel à la grève générale lancée par l'opposition au Zimbabwe a été peu suivi mardi.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai espérait faire pression sur les autorités pour obtenir la publication des résultats de l'élection présidentielle du 29 mars, dont l'opposition revendique la victoire.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai espérait faire pression sur les autorités pour obtenir la publication des résultats de l'élection présidentielle du 29 mars, dont l'opposition revendique la victoire.
Mais la crainte d'une répression des forces de l'ordre et la nécessité de trouver de quoi vivre dans un pays plongé dans une grave crise économique - l'inflation dépasse les 100.000%, le chômage est à 80% - semblent avoir découragé les partisans de l'opposition.
"C'est compréhensible étant donné la dureté de ce régime", a déclaré Nelson Chamisa, porte-parole du MDC.
Les banques, les magasins et les bureaux sont restés ouverts dans le centre de Harare.
Des soldats et des policiers avaient pris position à travers le Zimbabwe aux premières heures de la journée, avant le commencement de la grève.
Des camions militaires, certains montés de canons à eau, ont été déployés à travers les bastions de l'opposition dans la capitale Harare et les policiers anti-émeutes ont érigé des postes de contrôle.
"La police de la République du Zimbabwe a noté avec inquiétude la distribution de tracts subversifs et de pamphlets émanant de la faction MDC de Tsvangirai, en faveur d'un arrêt de travail d'une durée indéterminée(...). Nous estimons que l'appel de la faction MDC Tsvangirai équivaut à une incitation à la violence", a déclaré le porte-parole de la police, Wayne Bvudzijena.
SITUATION "TERRIBLE" SELON L'ANC
Le MDC affirme avoir remporté les législatives du 29 mars comme la présidentielle tenue le même jour et exige du président Robert Mugabe, 84 ans, qu'il démissionne. Les résultats des législatives ont, eux, été rendus publics, contrairement à ceux de la présidentielle.
Concernant la présidentielle, la Commission électorale nationale affirme qu'elle en est toujours à compter les bulletins de vote et à procéder à des vérifications.
La Zanu-PF de Mugabe affirme que ni Mugabe ni Tsvangirai n'ont obtenu les 51% de suffrages nécessaires pour être élu au premier tour. Elle a annoncé un second tour à une date qui reste à fixer.
Confirmant les dissensions croissantes entre le président sud-africain Thabo Mbeki et son successeur probable et patron de l'ANC Jacob Zuma, le Congrès national africain a qualifié de "terrible", mardi dans un communiqué, la situation au Zimbabwe.
L'ANC a rappelé Mbeki à l'ordre en estimant que le chef de l'Etat devait "observer une position de neutralité" en tant que médiateur dans la crise qui secoue le pays voisin.
Mbeki avait estimé avant le sommet régional de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) qu'il n'y avait pas de crise post-électorale dans le pays.
Réunie dimanche à Lusaka, la SADC a cependant réclamé la publication au plus tôt des résultats.
Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, qui a estimé que la situation au Zimbabwe avait un impact négatif sur toute la région, s'est engagé de son côté à entamer son propre dialogue avec les deux camps, Zanu-PF et MDC.
Par allusion aux déclarations de la Zanu-PF selon laquelle un second tour entre Mugabe et Tsvangirai serait nécessaire, l'ANC a estimé que "l'organisation d'un second tour alors que les résultats de l'élection ne sont pas connus serait antidémocratique et sans précédent".