Les énergies renouvelables : une priorité pour les îles de l’océan Indien

Avec le baril de pétrole qui frôle les 140 dollars, la facture énergétique pèse de plus en plus lourd sur l’économie des îles de l’océan Indien. Ainsi, les pays de la région se doivent de favoriser le développement des énergies renouvelables et la promotion des économies d’énergies.

PLUSIEURS priorités pour développer les énergies renouvelables ont été définies pour chacun des pays. Les Comores ont pour objectif de valoriser l’éolien, d’encourager l’électrification rurale et de continuer le programme photovoltaïque. Madagascar a mis l’accent sur l’éolien, la biomasse ou l’hydraulique. L’île Maurice appuie davantage la production d’énergie via la bagasse, mais doit aussi optimiser l’efficacité énergétique dans le Bâtiment (norme HQE). Les Seychelles ont pour priorité le développement des chauffe-eau solaires. Et La Réunion a pour objectif d’atteindre l’autosuffisance énergétique via les énergies renouvelables.

Madagascar veut réduire les émissions de CO2 de 65.000 tonnes

A l’issue d’un atelier de 2 jours sur les énergies renouvelables et l’électrification rurale, qui s’est clôturé mercredi à Antanarivo, le gouvernement malgache a décidé d’encourager l’utilisation de sources d’énergies renouvelables dans les communes rurales, a rapporté la Radio Nationale Malgache.

Dans le cadre du programme d’éradication de la pauvreté, le ministère de l’Energie a prévu d’installer 41 stations d’énergie solaire, 23 stations éoliennes et 9 centrales hydroélectriques, au profit de plus d’un million de personnes. L’atelier a proposé de réduire de 65.000 tonnes les émissions de CO2. Actuellement, la compagnie de téléphonie mobile malgache a opté pour l’énergie solaire pour alimenter ses sites. « L’objectif est de réduire la quantité de CO2 dégagée par les groupes électrogènes », a souligné le directeur adjoint de la firme.

Cette année, 70 sites fonctionnant avec des panneaux solaires seront implantés dans tout le pays, ce qui portera à 146 le nombre total, rapporte le journal “L’Express de Madagascar”. Le recours aux énergies renouvelables devient une urgence par rapport au réchauffement climatique mais aussi avec la flambée du prix du pétrole sur le marché international.

Madagascar, importateur net de pétrole, a instauré la promotion et le développement des énergies renouvelables comme projet et activité prioritaires dans le MAP (Madagascar Action Plan) en son engagement 2, défi 4. En 2007, la facture énergétique (gasoil, essence, fuel) du pays a représenté le 3ème poste des importations avec près de 18% du total.

L’île sœur a pour objectif de réduire de 65% sa dépendance du pétrole d’ici 2028

L’île Maurice s’est fixé comme objectif de réduire sa dépendance du pétrole de 65% d’ici 2028. Le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, a précisé que « notre facture énergétique, à ce jour, représente un tiers de notre Produit National Brut (PIB). Avec l’envolée du cours du pétrole, cette situation risque de s’aggraver, mettant ainsi en péril l’économie d’un petit Etat insulaire sans ressources naturelles. Nous voulons participer à l’effort mondial de préserver notre planète et agir comme un laboratoire, grandeur nature, en matière d’énergies renouvelables ».

Le Premier ministre a annoncé un don de 375 dollars à chaque famille mauricienne qui souhaite acquérir un chauffe-eau solaire sous un plan de prêt initié par la Banque de développement de Maurice. L’île parie également sur la bagasse. Sa valorisation fait partie d’un vaste plan du gouvernemental qui remonte à la première guerre du Golfe. Grâce au soutien de l’Etat et aux investissements privés, l’industrie sucrière mauricienne couvre actuellement environ 45% des besoins de l’île en électricité grâce à la combinaison bagasse/charbon.

La Réunion : autosuffisance électrique en 2025

L’île de La Réunion dispose d’un potentiel énergétique très diversifié. Actuellement, l’île exploite ses ressources hydrauliques (centrale hydroélectrique), la bagasse (couplé avec le charbon dans la centrale thermique) et le solaire (chauffe-eau).

Notre objectif est d’atteindre l’autosuffisance énergétique. Des travaux sont en cour afin de développer l’énergie géothermique. L’objectif est d’aboutir à la construction d’une centrale géothermique qui pourrait produire jusqu’à 20 MW par an. Développer l’éolien est aussi une autre priorité (par exemple, en Allemagne, l’éolien génère 12.000 MW d’électricité par an).
Le solaire se diversifie. Outre les chauffe-eau solaires, il existe également des installations photovoltaïques. L’hydraulique, qui fournissait dans les années 80 l’intégralité de l’énergie électrique de l’île (contre près de 20% aujourd’hui), ouvre de nouvelles pistes. Des travaux sont en cours pour juger du potentiel de l’énergie de la mer. Au final, l’objectif est d’installer 370 MW supplémentaires d’énergie renouvelable en 2025.

Mode de production d’électricité à La Réunion


Charbon Pétrole Hydraulique Bagasse
1981 0 0 100% 0
1190 0 36% 61% 3%
1985 21% 21% 46% 12%
2000 21% 19% 32% 18%
2006 42% 22% 24% 12%


Ces dernières années, La Réunion a connu un développement économique et démographique. La conséquence en a été une importante augmentation de la consommation d’énergie (+350%).

Capacité ENR (MW) en 2000, on produit Objectif 2025
Eolien 0 100
Photovoltaïque 0 100
Hydraulique 110 170
Bagasse 115 125
Géothermie 0 20

Ne produisant pas d’électricité, le “chauffe-eau solaire“ n’apparaît pas dans ce tableau. Pour autant, il est un axe prioritaire du développement des énergies renouvelables à La Réunion (département français le mieux équipé).

Substituer progressivement les ENR (Energies Renouvelables) aux énergies fossiles importées (hydrocarbures, charbon) pour la production d’électricité à La Réunion, tel est l’objectif du PRERURE (Plan Régional des Energies Renouvelables et d’Utilisation Rationnelle de l’Energie)

Les îles de l’océan Indien sont soumises à des pressions internes dues à leurs croissances démographiques mais aussi au développement économique. Elles doivent se doter d’outil ambitieux et réaliste pour atteindre l’autonomie énergétique dans le cadre d’un co-développement durable.

Risham Badroudine - Témoignages du vendredi 27 juin 2008