La grogne monte aux Comores

CLICANOO.COM | Publié le 17 août 2008

Moroni. Les Comores sont confrontées depuis le mois de juin à de graves pénuries de carburant qui ont paralysé une grande partie de l’activité et aggravé les délestages dans l’archipel souffrant déjà d’une pauvreté chronique, provoquant une grogne croissante contre les autorités. Dernier épisode en date, le report à la mi-août des examens nationaux du baccalauréat et du brevet.

“Nous avons reporté les examens d’une semaine à cause de la pénurie de carburant”, a confié à le porte-parole du gouvernement comorien, Abdourahim Saïd Bakar, qui craint que candidats et examinateurs ne puissent se rendre dans les salles d’examens en l’absence de transport routier.

La pénurie de carburant (essence et gazole) prévaut depuis la décision du président comorien, Ahmed Abdallah Sambi, de ne pas renouveler le contrat de la société nationale des hydrocarbures avec le groupe pétrolier français Total.

Ce contrat était arrivé à échéance le 16 avril. Selon des sources concordantes, M. Sambi souhaiterait acheter le carburant des Comores à l’Iran et le faire raffiner au Yémen, dans un souci d’économie pour l’archipel. Mais cette option tarde à se mettre en place.

Le ministre de l’Energie de l’Union des Comores, Houmadi Abdallah, s’est rendu en Tanzanie pour tenter d’obtenir du carburant via une société de ce pays, selon des sources concordantes.

La pénurie a des répercussions sur l’approvisionnement en électricité, qui est rationnée par la société nationale d’électricité (Mamwe). La capitale comorienne Moroni n’est alimentée que de 18h à 22h. L’île de Mohéli ne dispose de courant que de 10h à 13h et de 18h à 22h, tandis que l’île d’Anjouan - la plus pauvre et la plus peuplée des trois îles de l’archipel - est quasiment privée d’électricité.

De nombreux Comoriens, déjà durement touchés par la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires de base, sont obligés de limiter ou d’annuler leurs déplacements.

Les automobilistes attendent des jours devant les stations d’essence pour obtenir du carburant. Très peu de taxis circulent, et le prix de la course a atteint des niveaux records. Les principales artères de Moroni prennent l’allure de longues voies piétonnes, a constaté un correspondant de l’AFP.

Face à cette situation, le mécontentement gronde au sein de la population, déjà frappée par une pauvreté chronique. Le salaire mensuel moyen aux Comores ne dépasse pas les 40 000 francs comoriens (80 euros). “Notre chiffre d’affaires mensuel est tombé de 10 millions de francs comoriens à 200 000 francs comoriens”, déplore le responsable local d’une société d’assurances, Ali Mliva, qui critique “l’incapacité permanente de ce gouvernement à régler les problèmes”.

Pour la première fois depuis son élection à la présidence de l’Union en mai 2006, M. Sambi a été hué sur le chemin de l’aéroport la semaine dernière, et plusieurs centaines de personnes ont pris part à des manifestations les 19 juin et 28 juillet.

Selon Ahmed Koudra, économiste et directeur exécutif de l’Organisation patronale des Comores (Opaco), cette crise a été “créée directement” par les autorités comoriennes qui ont pris l’initiative, selon lui, de stopper leurs relations avec Total. “Ce qui se passe avec la société nationale des hydrocarbures est un crime économique. En arrivant au pouvoir, Sambi a trouvé une société qui fonctionnait. Aujourd’hui, cette société est incapable d’approvisionner le pays en carburant”, a fustigé récemment auprès de la presse Houmed Msaidié, ex-directeur de cabinet de l’ancien président Azali Assoumani.

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