DRC: J. Kabila cherche Premier ministre
30 décembre 2006-25 septembre 2008, le règne d’Antoine Gizenga, en qualité de Premier ministre du tout premier gouvernement de la 3ème République, n’aura duré que moins de six cents jours. Quitte-t-il la Primature avec le sentiment du devoir accompli ? Est-ce qu’il abandonne ses fonctions plein d’amertume ? Nul ne le sait. Mais ce qui est du moins sûr, le « Patriarche », on le compose déjà au passé. Dans tous les cas, il a son avenir…politique derrière lui. Ce qui intéresse l’opinion pour le moment c’est de pouvoir connaître le nom de son successeur dans un dossier où le président de la République a le dernier mot.
A peine Antoine Gizenga a-t-il annoncé sa démission que les bookmakers se sont immédiatement mis en branle. Des noms sont déjà avancés. Naturellement, on est allé puiser au sein du Palu (Parti lumumbiste unifié) dirigé par le Premier ministre sortant et de la famille politique du chef de l’Etat, des « structures » qui font partie de la coalition gouvernementale qui, jusque-là, s’est vue confier la tâche de diriger le pays à la suite, bien sûr, des élections de 2006.
Mais n’empêche : la « pêche » ne semble pas s’être arrêtée à ce niveau. Il y a aussi des noms qui apparaissent avec une particularité, celle de n’appartenir à aucun des camps politiques qui se partagent le pouvoir d’Etat aujourd’hui en République démocratique du Congo.
UNE QUESTION DE PROCEDURE
Le président de la République est bel et bien à la recherche d’un Premier ministre. Là, il n’y a rien à dire. Mais il n’est pas question d’aller vite en besogne, susurre-t-on déjà, d’autant plus qu’il y a une procédure à suivre. La première étape semble ne poser aucun problème. Antoine Gizenga a déposé sa démission. Il reste au chef de l’Etat de prendre une ordonnance mettant fin officiellement aux fonctions du Premier ministre démissionnaire. Là, aussi, c’est un jeu d’enfants.
C’est dans la suite de l’opération certainement que vont apparaître les premiers couacs. Sur papier, le problème semble déjà résolu surtout lorsqu’on sait que tous les détails ont été réglés par l’accord de gouvernement signé séparément entre la famille politique du président de la République, à savoir l’AMP, le PALU et l’UDEMO de Nzanga Mobutu.
Sans nul doute, la grande difficulté va surgir au niveau de l’application de cet accord duquel la coalition gouvernementale tire son existence. Question : l’accord va-t-il survivre au mythique Antoine Gizenga ? Pas si évident. Surtout que, dans la famille politique du président de la République, il s’est créé un courant qui estime que Joseph Kabila n’a rien gagné de son «idylle » avec Antoine Gizenga et que la dénonciation de cet accord de coalition serait, pour lui, la meilleure solution.
Là aussi, les choses ne sont pas si évidentes. Peu importe. Mais, si l’on doit s’en tenir à l’esprit et à la lettre de l’accord, la première hypothèse, qui paraît d’ailleurs la plus plausible, est que la Primature reste entre les mains du PALU. Ce qui revient à dire que l’actuelle configuration, à travers les différentes forces politiques qui siègent au gouvernement, ne va pas subir d’importantes modifications. « A moins que le président de la République tourne le dos à l’accord de gouvernement qu’il a signé avec ses alliés politiques », fait remarquer, sans beaucoup de conviction d’ailleurs, un analyste politique.
En attendant d’en savoir un peu plus, il y a lieu de noter que dans les rangs du Palu, un nom est de plus en plus cité. Il s’agit de celui d’Adolphe Muzito. Ministre du Budget dans le gouvernement sortant, l’homme réunit le plus de chances d’occuper le poste laissé vacant par le patriarche. Il a un avantage de taille : le Palu aurait décidé de le présenter comme son candidat.
A ses côtés, se profile un outsider : Freddy Matungulu. Même s’il ne s’affiche pas clairement sous les couleurs du PALU, ce fonctionnaire international, autrefois ministre des Finances, ne manque pas pour autant d’atouts. « Il a, lui aussi, les compétences, l’expérience, la moralité et le background requis», soutient-on.
L’AUTRE FACE…
Au premier scénario, vient s’incruster un autre. Peut-être fort compliqué, mais qui n’a rien d’une utopie. Loin de là. Car, dans les milieux de l’AMP, plus particulièrement le PPRD, qui se fait passer pour le parti-phare, l’on estime que le moment est venu de reprendre ce qu’ils ont toujours considéré comme «leur affaire ». « Nous allons mettre une croix sur cet accord de coalition. Ce qui va nous permettre de nous installer à la Primature et de conduire, nous-mêmes, le gouvernement », annonce-t-on. En tous les cas, ils sont nombreux ceux qui, dans l’AMP, ont déjà enfourché la trompette de l’éclatement de l’actuelle coalition.
S’achemine-t-on vers une nouvelle redistribution des cartes ? Tout est possible en politique. De toute façon, le nom d’Evariste Mabi et celui d’Evariste Bochab, secrétaire général du PPRD, sont avancés. Selon la même source, ils bénéficieraient de faveurs du PPRD, ou si l’on veut bien de l’AMP, famille politique du président de la République. De par leur riche curriculum vitae, ces deux personnalités ne sont pas à présenter. L’une et l’autre ont le profil…
Par ailleurs, il convient de ne pas perdre de vue que, de par leur poids politique sur l’échiquier national et leur grande maîtrise des dossiers ayant trait à la vie nationale, François Mobutu Nzanga, ministre d’Etat, et Antipas Mbusa Nyamwisi, n’ont rien d’outsider. Celui-là au regard notamment de l’aura ou du nom de son père, le maréchal Mobutu, mais surtout le score qu’il a réalisé à l’élection présidenteille 2006 ainsi que de sa base. Celui-ci, au regard entre autres de sa parfaite maîtrise de la problématique de l’Est. « Ils ont, eux aussi, la carrure de premier ministrable », affirme-t-on.
En un mot comme en mille, ils pèsent lourd dans la balance à tel point qu’ils ont leur place dans la plupart des calculs ou des combinaisons auxquels on peut faire allusion dans le dossier relatif à la nomination du successeur d’Antoine Gizenga.
Au-delà de l’hypothèse de voir le premier scénario l’emporter sur l’autre ou vice-versa – la culture du respect des textes devant prévaloir -, il faut avoir présent à l’esprit que l’enjeu est de taille pour le pays. Les indicateurs au plan politique, sécuritaire, économique et social font obligation aux Congolais de se comporter en conséquence. Evidemment, il n’en faut pas plus pour que les Congolais se mettent en devoir de gérer la situation avec beaucoup de responsabilité, de tact et d’à propos. Avec comme fil conducteur, la préservation de l’intérêt supérieur de la Nation congolaise.
En définitive, la gestion d’un défi où le dernier mot revient au président de la République, Joseph Kabila, ne peut s’accommoder que d’un certain nombre d’exigences. Au nombre desquelles, la nomination d’un Premier ministre compétent, la mise sur pied d’un gouvernement au sein duquel siègent des ministres compétents, expérimentés, à la valeur morale éprouvée. Tous, privilégiant l’intérêt supérieur du pays.
L’état de la Nation étant ce qu’il est aujourd’hui, l’objectif à poursuivre par la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale doit consister en l’inversion des tendances actuelles et en l’amélioration du vécu quotidien des Congolaises et Congolais. Les attentes sociales sont nombreuses et pressantes…
Dans tous les cas, le pays doit prendre un nouveau départ, notamment dans la consolidation de la stabilité politique. Et ce, à travers le respect des engagements politiques pris par les uns et les autres.
En attendant, le Conseil ministres des ministres de demain lundi pourrait désigner Mobutu Nzanga comme intérimaire étant donné que le président de la République a pris acte de la démission du Patriarche.
A peine Antoine Gizenga a-t-il annoncé sa démission que les bookmakers se sont immédiatement mis en branle. Des noms sont déjà avancés. Naturellement, on est allé puiser au sein du Palu (Parti lumumbiste unifié) dirigé par le Premier ministre sortant et de la famille politique du chef de l’Etat, des « structures » qui font partie de la coalition gouvernementale qui, jusque-là, s’est vue confier la tâche de diriger le pays à la suite, bien sûr, des élections de 2006.
Mais n’empêche : la « pêche » ne semble pas s’être arrêtée à ce niveau. Il y a aussi des noms qui apparaissent avec une particularité, celle de n’appartenir à aucun des camps politiques qui se partagent le pouvoir d’Etat aujourd’hui en République démocratique du Congo.
UNE QUESTION DE PROCEDURE
Le président de la République est bel et bien à la recherche d’un Premier ministre. Là, il n’y a rien à dire. Mais il n’est pas question d’aller vite en besogne, susurre-t-on déjà, d’autant plus qu’il y a une procédure à suivre. La première étape semble ne poser aucun problème. Antoine Gizenga a déposé sa démission. Il reste au chef de l’Etat de prendre une ordonnance mettant fin officiellement aux fonctions du Premier ministre démissionnaire. Là, aussi, c’est un jeu d’enfants.
C’est dans la suite de l’opération certainement que vont apparaître les premiers couacs. Sur papier, le problème semble déjà résolu surtout lorsqu’on sait que tous les détails ont été réglés par l’accord de gouvernement signé séparément entre la famille politique du président de la République, à savoir l’AMP, le PALU et l’UDEMO de Nzanga Mobutu.
Sans nul doute, la grande difficulté va surgir au niveau de l’application de cet accord duquel la coalition gouvernementale tire son existence. Question : l’accord va-t-il survivre au mythique Antoine Gizenga ? Pas si évident. Surtout que, dans la famille politique du président de la République, il s’est créé un courant qui estime que Joseph Kabila n’a rien gagné de son «idylle » avec Antoine Gizenga et que la dénonciation de cet accord de coalition serait, pour lui, la meilleure solution.
Là aussi, les choses ne sont pas si évidentes. Peu importe. Mais, si l’on doit s’en tenir à l’esprit et à la lettre de l’accord, la première hypothèse, qui paraît d’ailleurs la plus plausible, est que la Primature reste entre les mains du PALU. Ce qui revient à dire que l’actuelle configuration, à travers les différentes forces politiques qui siègent au gouvernement, ne va pas subir d’importantes modifications. « A moins que le président de la République tourne le dos à l’accord de gouvernement qu’il a signé avec ses alliés politiques », fait remarquer, sans beaucoup de conviction d’ailleurs, un analyste politique.
En attendant d’en savoir un peu plus, il y a lieu de noter que dans les rangs du Palu, un nom est de plus en plus cité. Il s’agit de celui d’Adolphe Muzito. Ministre du Budget dans le gouvernement sortant, l’homme réunit le plus de chances d’occuper le poste laissé vacant par le patriarche. Il a un avantage de taille : le Palu aurait décidé de le présenter comme son candidat.
A ses côtés, se profile un outsider : Freddy Matungulu. Même s’il ne s’affiche pas clairement sous les couleurs du PALU, ce fonctionnaire international, autrefois ministre des Finances, ne manque pas pour autant d’atouts. « Il a, lui aussi, les compétences, l’expérience, la moralité et le background requis», soutient-on.
L’AUTRE FACE…
Au premier scénario, vient s’incruster un autre. Peut-être fort compliqué, mais qui n’a rien d’une utopie. Loin de là. Car, dans les milieux de l’AMP, plus particulièrement le PPRD, qui se fait passer pour le parti-phare, l’on estime que le moment est venu de reprendre ce qu’ils ont toujours considéré comme «leur affaire ». « Nous allons mettre une croix sur cet accord de coalition. Ce qui va nous permettre de nous installer à la Primature et de conduire, nous-mêmes, le gouvernement », annonce-t-on. En tous les cas, ils sont nombreux ceux qui, dans l’AMP, ont déjà enfourché la trompette de l’éclatement de l’actuelle coalition.
S’achemine-t-on vers une nouvelle redistribution des cartes ? Tout est possible en politique. De toute façon, le nom d’Evariste Mabi et celui d’Evariste Bochab, secrétaire général du PPRD, sont avancés. Selon la même source, ils bénéficieraient de faveurs du PPRD, ou si l’on veut bien de l’AMP, famille politique du président de la République. De par leur riche curriculum vitae, ces deux personnalités ne sont pas à présenter. L’une et l’autre ont le profil…
Par ailleurs, il convient de ne pas perdre de vue que, de par leur poids politique sur l’échiquier national et leur grande maîtrise des dossiers ayant trait à la vie nationale, François Mobutu Nzanga, ministre d’Etat, et Antipas Mbusa Nyamwisi, n’ont rien d’outsider. Celui-là au regard notamment de l’aura ou du nom de son père, le maréchal Mobutu, mais surtout le score qu’il a réalisé à l’élection présidenteille 2006 ainsi que de sa base. Celui-ci, au regard entre autres de sa parfaite maîtrise de la problématique de l’Est. « Ils ont, eux aussi, la carrure de premier ministrable », affirme-t-on.
En un mot comme en mille, ils pèsent lourd dans la balance à tel point qu’ils ont leur place dans la plupart des calculs ou des combinaisons auxquels on peut faire allusion dans le dossier relatif à la nomination du successeur d’Antoine Gizenga.
Au-delà de l’hypothèse de voir le premier scénario l’emporter sur l’autre ou vice-versa – la culture du respect des textes devant prévaloir -, il faut avoir présent à l’esprit que l’enjeu est de taille pour le pays. Les indicateurs au plan politique, sécuritaire, économique et social font obligation aux Congolais de se comporter en conséquence. Evidemment, il n’en faut pas plus pour que les Congolais se mettent en devoir de gérer la situation avec beaucoup de responsabilité, de tact et d’à propos. Avec comme fil conducteur, la préservation de l’intérêt supérieur de la Nation congolaise.
En définitive, la gestion d’un défi où le dernier mot revient au président de la République, Joseph Kabila, ne peut s’accommoder que d’un certain nombre d’exigences. Au nombre desquelles, la nomination d’un Premier ministre compétent, la mise sur pied d’un gouvernement au sein duquel siègent des ministres compétents, expérimentés, à la valeur morale éprouvée. Tous, privilégiant l’intérêt supérieur du pays.
L’état de la Nation étant ce qu’il est aujourd’hui, l’objectif à poursuivre par la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale doit consister en l’inversion des tendances actuelles et en l’amélioration du vécu quotidien des Congolaises et Congolais. Les attentes sociales sont nombreuses et pressantes…
Dans tous les cas, le pays doit prendre un nouveau départ, notamment dans la consolidation de la stabilité politique. Et ce, à travers le respect des engagements politiques pris par les uns et les autres.
En attendant, le Conseil ministres des ministres de demain lundi pourrait désigner Mobutu Nzanga comme intérimaire étant donné que le président de la République a pris acte de la démission du Patriarche.