Le commerce africain freiné par le coût des transactions

28/08/2008

En 30 ans, la part de l'Afrique dans les exportations mondiales a chuté des 2/3. Le coût des transactions commerciales y est pour beaucoup.

Entre 1976 et 2006, la part de l'Afrique dans les exportations mondiales est passée de 2,9% à 0,9%. Si elle était restée constante, ses recettes d'exportation seraient aujourd’hui dix fois plus élevées. Le tableau est encore plus sombre si l’on considère les exportations hors pétrole. L’explication résiderait dans les coûts élevés des transactions commerciales, c’est-à-dire pour le transport des marchandises et le franchissement des frontières.

Un rapport de Guido Porto, économiste du Groupe de recherche pour le développement de la Banque mondial, indique que ce sont « les coûts élevés des activités commerciales [qui] empêchent la pleine réalisation du potentiel offert par le commerce et peuvent ralentir l'effet des possibilités d'exportation sur la réduction de la pauvreté ». « La plupart des pays africains ne bénéficieront pas des réformes tant que les coûts commerciaux ne seront pas réduits », renchérissent Alberto Portugal-Perez et John S. Wilson, également de la Banque mondiale.

Infrastructures

Les infrastructures constituent le tout premier goulot d'étranglement du commerce africain. L'Afrique, note-t-on, renferme quinze pays enclavés qui n'ont aucun accès direct à des ports maritimes. Le rapport de la Banque mondiale souligne les énormes avantages sur le plan commercial que l'on pourrait retirer de l'investissement et de l'entretien d'un réseau routier transafricain. Un réseau qui relierait 83 grandes villes pour une longueur d'environ 100 000 km accroîtrait le montant des échanges de 250 milliards de dollars sur une période de 15 ans.

Andreas Kopp, du service des transports à la Banque mondial, met en exergue, pour sa part, l'importance de l'entretien des infrastructures. L'insuffisance des ressources consacrées à l'entretien des infrastructures en Afrique subsaharienne entre 1970 et 1989 a causé, selon lui, une perte estimée à 45 milliards de dollars de la valeur du réseau routier. Une perte qui aurait pu être évitée si 12 milliards avaient été consacrés aux frais d'entretien.

Goulots immatériels

Les infrastructures ne sont toutefois pas seules en cause. Il existe aussi des goulots immatériels. Les contraintes réglementaires et administratives au transport et au transit, les procédures douanières, les régimes de remboursement des droits de douane et autres exigences augmentent aussi les coûts. Les indicateurs Doing Business de la Banque mondiale montrent que le nombre de jours nécessaires pour importer et exporter en Afrique est un des plus élevés au monde.