Un observatoire pour mieux lutter contre la pauvreté a Maurice

Enregistrer et analyser les effets et la cause de la pauvreté. Car il ne suffit plus de se concentrer sur les statistiques. C’est l’idée derrière la création d’un observatoire financé par la Commission européenne.

L’objectif : concevoir des programmes de lutte contre la pauvreté plus efficaces. Car, se fier aux chiffres que rapporte le Bureau central des statistiques ne suffit plus. Il s’agit plutôt de savoir comment les pauvres sont arrivés à cet état. Et pour mieux répondre à cette question, un observatoire de la pauvreté sera institué. 

La mise sur pied de cet organisme a été annoncée hier au Domaine Les Pailles, lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier de travail sur la méthodologie d’évaluation qualitative de la pauvreté. Cet atelier était organisé par le Decentralised Cooperation Programme (DCP) de la Commission européenne (CE). 

C’est d’ailleurs celle-ci qui financera ce nouvel observatoire. Les coûts de la mise sur pied pour la première année d’opération se situent entre 56 000 et 74 000 euros, soit environ Rs 2 436 000 et Rs 3 219 000. 

L’observatoire aura pour but d’identifier et de mesurer les paramètres de la pauvreté. Son ambition : ne pas réduire la pauvreté qu’à un chiffre mais en décortiquer la réalité. Pour cela, cet observatoire devra récolter les informations sur l’expérience de la pauvreté. 

Claudia Wiedey, chef de la délégation de la Commission européenne, rappelle l’importance de l’indépendance de cet observatoire. «Il doit avoir deux caractéristiques importantes : l’indépendance et la durabilité», souligne-t-elle en faisant référence à l’observatoire. «Il est clair que l’objectif de cet observatoire qui sera mis en place n’est nullement de faire double emploi, ni de remplacer ou d’ignorer les institutions existantes. Son rôle est plutôt de coordonner, d’intégrer et de finaliser les différentes approches», fait-elle cependant ressortir. De plus, la recherche entreprise sera participative. 

Le programme de coopération décentralisée a mis, lors de l’atelier, l’accent sur le besoin de suivi sur la pauvreté. C’est aussi à ce niveau que le rôle de l’observatoire sera crucial. Il devra donc aussi enregistrer et analyser de façon continue les causes et effets de la pauvreté. L’information compilée devra pouvoir soutenir la conception des programmes visant l’élimination de la pauvreté. 

Des recherches sur commande 

Dans un premier temps, il est envisagé que l’observatoire soit lancé avec un sociologue et un coordinateur. Des recherches sur commande sont aussi envisagées. Et l’observatoire devra aussi bénéficier d’un personnel plus étoffé , selon les besoins. 

Selon le ministre des Finances, Rama Sithanen, pour mieux comprendre le vrai sens de la précarité et la placer dans son contexte, il faudrait regarder au-delà des chiffres et focaliser son attention sur les expériences quotidiennes vécues par les personnes frappées par la misère. «C’est là que vous avez le vrai tableau, que vous comprenez ce que signifie précisément pour ces familles et ces enfants, une vie de dénuement, explique Rama Sithanen. Je suis confiant que le programme de coopération décentralisée peut apporter une contribution importante pour le renforcement des capacités dans le domaine de l’évaluation qualitative.» 

Le ministre des Finances souligne également que le gouvernement a mobilisé des moyens importants pour éradiquer la pauvreté. Ainsi, près de Rs 135 millions ont été dédiées à plus de 90 projets d’éradication de ce fléau. 

En parallèle, environ Rs 35 millions ont été allouées à dix différentes actions de gestion des ressources naturelles à Rodrigues. En outre, Rs 52 millions ont été attribuées, dans le but de supporter les petites et moyennes entreprises et l’innovation. 

Rama Sithanen a également mentionné d’autres actions entreprises dans le même cadre, notamment la Small Grants Window, qui a été créée pour les organisations qui sont à leur début. «La Small Grants Window est encore ouverte pour recevoir des demandes de financement et a un solde disponible de Rs 44 millions», a précisé Rama Sithanen. Il a réitéré l’engagement du gouvernement d’éradiquer la pauvreté, notamment dans le budget 2008-2009. Ainsi Rs 395 millions permettront de remporter le défi de la misère absolue dans les 229 poches de pauvreté qui ont été identifiées sur l’ensemble du territoire national.