Visite de Fischer-Boel a Maurice : sucre et sécurité alimentaire au menu des discussions

Jeudi 4 septembre 2008

La commissaire européenne Mariann Fischer-Boel arrive à Maurice aujourd’hui pour une visite de deux jours. Elle en profitera notamment pour faire le point sur l’avancée de la réforme sucrière et discuter de la crise alimentaire.

Quand l’Europe vient constater de visu les progrès de Maurice… La commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer-Boel, est attendue aujourd’hui pour une visite de deux jours à l’invitation du gouvernement mauricien. Les mesures d’accompagnement de l’Union européenne (UE) pour le secteur sucre et la sécurité alimentaire figurent parmi les principaux dossiers qui retiendront l’attention lors de cette visite. 

La commissaire participera à des séances de travail avec Arvin Boolell, ministre de l’Agro-industrie et la délégation de la Commission européenne (CE) à Port-Louis. Elle visitera une unité de production laitière opérée par une société coopérative à Nouvelle-Découverte, le musée de l’Aventure du Sucre, ainsi que l’usine sucrière et la centrale thermique de Savannah. Elle rencontrera aussi des petits planteurs de Gros-Bois. 

Divergences et rupture 

«La commissaire européenne vient se rendre compte de la mise en oeuvre de la réforme dans le secteur sucre et des progrès du plan de réforme. Elle va aussi aborder la question de la sécurité alimentaire et l’impact de la hausse des prix des produits alimentaires sur des pays comme Maurice, qui dépendent largement des importations des denrées alimentaires pour subvenir à leurs besoins», explique Claudia Wiedey, chef de la délégation de la CE. Elle ajoute : «La commissaire européenne voudrait savoir comment les Mauriciens voient l’avenir du secteur agricole et quelle aide l’UE peut leur apporter pour répondre à ces besoins.» 

La visite de Mariann Fischer-Boel sera certainement l’occasion pour Arvin Boolell d’aborder la décision de l’UE d’allouer un milliard et demi d’euros (Rs 60 milliards) en faveur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire à des pays africains d’ici 2013. Cette décision avait été annoncée par Louis Michel, commissaire européen au Développement, au début de juin lors du sommet de la Food and Agricultural Organization à Rome sur la crise alimentaire. 

Mariann Fischer-Boel s’intéressera surtout à l’évolution de la réforme du secteur sucre, à laquelle l’UE apporte son soutien financier. Des indicateurs de performance sont notamment établis afin de déterminer le montant des fonds qui seront octroyés par l’UE. Pour la période 2007-2010, il est prévu que 128 millions d’euros seront déboursés comme mesures d’accompagnement à ce secteur. Cela suite à la baisse du prix du sucre dans le contexte du nouveau régime sucrier de l’UE. 

Certains aspects de la réforme sucre à Maurice ont été, en 2007, au centre de divergences entre le gouvernement et les sucriers. Ces divergences concernent notamment la centralisation, la production énergétique, ainsi que l’allocation de terres au gouvernement pour des projets sociaux et agricoles. Sans oublier l’actionnariat des petits planteurs et des travailleurs dans les nouvelles entités de l’industrie sucrière, dont des raffineries et distilleries. 

Mais en décembre, un accord était intervenu entre le gouvernement et les sucriers. En mettant fin à ces divergences, cet accord a également effacé les craintes de possibles non-déboursements de l’aide européenne pour le secteur sucre. 

Les négociations entre le groupe Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles (CMMS) avaient aussi retenu l’attention. Il s’agissait d’éviter une rupture des échanges commerciaux avec l’UE. Ces négociations avaient abouti en décembre à un accord intérimaire, qui permet la continuation des exportations duty free de produits textiles et de thon vers l’Europe. Il est prévu qu’un accord final devra être conclu d’ici la fin de l’année. 

Sans cet accord intérimaire de décembre 2007, l’exportation hors taxes des produits textiles et de la mer aurait été remise en question. Car depuis janvier 2008, l’Accord de partenariat économique, qui a succédé à l’Accord de Cotonou, est venu établir un nouveau régime commercial entre l’UE et les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). 

Exportations difficiles 

Si l’exportation des produits textiles vers l’Europe n’a pas vraiment connu de problèmes, tel n’a pas été le cas pour l’exportation de thon. Les règles d’origine et les normes sanitaires établies par l’UE ont été, ces deux dernières années, à la base de multiples problèmes rencontrés par des compagnies mauriciennes pour exporter leurs produits. Certaines sociétés ont dû mettre la clé sous le paillasson alors que d’autres se sont mises en chômage technique. En revanche, récemment, la liste des sociétés mauriciennes pouvant exporter du seafood vers l’Europe a été allongée.