L’Afrique menacée par la crise mondiale

La crise financière qui frappe les pays occidentaux pourrait affecter la croissance économique en Afrique si les pays africains ne trouvent pas de marchés alternatifs, ont indiqué mardi 31 octobre de hauts responsables financiers.

Les exportations africaines vers les Etats-Unis et l’Europe pourraient être affectées du fait que les Américains et les Européens ont vu leur puissance d’achat affaiblie par la crise, a indiqué le ministre ougandais des Finances, Ezra Suruma.

« Nous devons chercher des marchés alternatifs pour nos produits », a souligné M. Suruma, lors d’une réunion de haut niveau de la banque sous-régionale Preferential Trade Area Bank.

« L’une des options consiste à accroître les exportations africaines vers les pays asiatiques, qui n’ont apparemment pas été touchés aussi profondément », a indiqué le ministre ougandais.

Via les programmes sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA, Africa Growth and Opportunity Act) et "Tout sauf des armes" ("Everything But Arms"), les pays africains exportent leurs produits vers les Etats-Unis et l’Union européenne sans droits de douanes ni quotas.

Selon les chiffres officiels, les exportations africaines aux Etats-Unis dans le cadre du programme AGOA - auquel sont éligibles les Comores depuis quelques semaines ont triplé pour atteindre 67,4 milliards de dollars en 2007.

Cette crise prouve que le concept du capitalisme doit être réexaminé, a ajouté M. Suruma devant ses homologues des membres du COMESA (Marché commun des Etats d’Afrique australe et orientale).

« Le capitalisme ne pourra plus se maintenir en l’état, et la réglementation gouvernementale est peut-être inévitable. Nous devons nous préparer à un nouvel ordre mondial », a souligné le ministre ougandais. Le réexamen du concept de capitalisme ne signifie pas l’abandon complet de l’économie de marché libre, a-t-il déclaré.

Pour Mohit Dhoorundhur, président du Conseil d’administration de la Preferential Trade Area Bank, l’impact de la crise sur les économies africaines est encore imprévisible, bien que certains analystes aient indiqué que les marchés financiers du continent, n’étant pas au même niveau que ceux de l’ Occident, ne seraient pas aussi affectés. « Le défi des banques, tant au niveau national qu’au niveau continental, consiste à reconnaître la nécessité de changement, et à montrer leur détermination à entreprendre des réformes rapides, alors que la crise est encore à distance », a souligné M. Dhoorundhur.

Le COMESA regroupe le Burundi, les Comores, la République démocratique du Congo, Djibouti, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya, la Libye, Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, le Rwanda, les Seychelles, le Soudan, le Swaziland, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.