L'économie mondiale est en train de ralentir fortement

LE MONDE | 16.10.08

Ce n'est pas un fantasme de boursier : l'économie mondiale décélère fortement, comme le confirment les dernières statistiques du Fonds monétaire international (FMI) : +5,1 % en 2006, +5 % en 2007, +3,9 % en 2008 et +3 % prévus en 2009. La crise financière qui s'est déclarée sur le marché américain des prêts hypothécaires à risque en août 2007 est passée par là, contaminant l'économie réelle des pays avancés comme celle des pays en développement.

Comme l'a déclaré à plusieurs reprises Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du FMI, aucun pays ne sera à l'abri du refroidissement en cours, car la mondialisation a rendu les économies dépendantes les unes des autres. Même les formidables croissances chinoise et indienne ont commencé à pâtir du déclin de la demande américaine et du renchérissement des prix des matières premières.

Un violent retournement conjoncturel est à l'œuvre

En 2007, la décélération n'affectait vraiment que les Etats-Unis, où la bulle immobilière venait d'éclater, et certains Etats d'Afrique subsaharienne. En 2009, le panorama sera bouleversé : le refroidissement gagnera le monde entier et seuls continueront à accélérer la plus grande partie de l'Afrique et de rares pays d'Amérique latine (Bolivie) ou d'Asie (Népal).

Ne pas confondre refroidissement et récession.

La Chine connaît, certes, une baisse importante de régime, sa croissance tombant de +11,9 % en 2007 à +9,3 % en 2009, mais un tel pourcentage enchanterait les dirigeants de tous les pays du monde.

Accélération ne veut pas dire développement hors norme

Ainsi, l'Afrique subsaharienne fait-elle bien preuve d'une étonnante résilience (+6,9 % en 2007, +6,1 % en 2008 et +6,3 % en 2009) à cause de ses robustes exportations de matières premières et en raison de son absence d'exposition aux turbulences des marchés financiers des pays avancés. Elle sera même le seul continent à faire mieux en 2009 qu'en 2008.

Reste que le phénomène ne concerne pas toute l'Afrique. Le Soudan, l'Ethiopie, le Tchad, l'Angola ou l'Afrique du Sud notamment connaîtront, au mieux, des passages à vide ou, au pire, les prémices d'une vraie récession. En attendant une très lente reprise annoncée aux Etats-Unis par le FMI pour la deuxième moitié de 2009 seulement.