20 millions d’habitants de la Corne de l’Afrique menacés de famine

GENEVE, Suisse, 11 décembre 2008

L’explosion des prix des produits alimentaires, venant s’ajouter à une sécheresse persistante, a plongé la Corne de l’Afrique dans une crise dramatique. L’étendue du désastre est mise en lumière dans un rapport publié aujourd’hui par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

La gravité de la situation a incité la Fédération internationale à lancer un appel d’urgence de près de 113 millions de francs suisses afin de répondre aux besoins les plus pressants de plus de 2,2 millions d’habitants de la région. L’opération projetée, qui combinera des phases d’urgence et de relèvement, vise à atténuer les souffrances de populations menacées de famine à Djibouti, en Somalie, au Kenya, et, surtout, en Ethiopie, où près de un million de personnes sont au bord du gouffre.

Selon Roger Bracke, qui a dirigé l’équipe d’experts chargés de la rédaction du rapport et qui vient d’achever une mission d’enquête approfondie de deux mois dans les pays affectés, cette crise présente des caractéristiques inédites.

“Pour la première fois dans ce type de situation, nous sommes confrontés à des facteurs externes comme l’escalade des prix des produits alimentaires et pétroliers qui jouent un rôle de détonateurs”, explique-t-il. “Les brutales fluctuations des taux de conversion du dollar ont en outre gravement réduit les revenus réels d’une multitude de familles pauvres. Ces facteurs, que les dirigeants de la région ne pouvaient pas prévoir, n’ont pas simplement exacerbé l’impact de la sécheresse, ils peuvent être tenus pour des éléments déterminants de la crise alimentaire sans précédent qui est en train de miner les existences et les moyens de subsistance des habitants de la Corne de l’Afrique”, ajoute-t-il.

Le rapport de la Fédération internationale note que de vastes parties de la région sont frappées par une crise humanitaire exceptionnelle et qu’une aide alimentaire s’impose de toute urgence si l’on veut éviter une véritable famine dans les mois à venir. Selon l’organisation, près de 20 millions d’individus sont engagés dans une lutte pour la survie à cause des effets combinés de la sécheresse, des conflits, des déplacements de populations et de la misère chronique.

L’enquête a établi que les modestes mécanismes d’adaptation avaient déjà atteint leurs limites. “Les gens ont épuisé toutes leurs ressources et leur résilience est profondément minée”, déclare Roger Bracke. “L’impact de facteurs externes totalement imprévisibles a porté un coup fatal à des communautés vulnérables frappées par une succession ininterrompue de chocs extrêmement violents”, poursuit-il.

La plupart des éleveurs ont perdu au moins 70 pour 100 de leur bétail. Reconstituer des troupeaux suffisants pour que les familles puissent résister aux crises futures prendrait de trois à sept ans à condition encore que les gens aient de quoi racheter de nouvelles bêtes – ce qui, pour beaucoup, n’est pas le cas.

Le rapport souligne également que la fréquence, la gravité et la durée des sécheresses n’ont cessé d’augmenter au cours des deux dernières décennies dans la Corne de l’Afrique, une évolution imputable en bonne partie au changement climatique. Les conséquences sur la production alimentaire ont évidemment été spectaculaires.

“A Djibouti, par exemple, le déficit pluviométrique enregistré durant quatre saisons consécutives a eu un impact dramatique sur les communautés pastorales, dans un pays dont les importations atteignent en temps normal jusqu’à 80 pour 100 des besoins alimentaires”, note Roger Bracke, précisant qu’aucun des pays de la région n’est autosuffisant en ce qui concerne les céréales.

Totalement dépassés par l’ampleur de la crise et extrêmement anxieux pour le proche avenir, les gouvernements de la Corne de l’Afrique ont appelé la Fédération internationale et son réseau de Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à mobiliser une aide alimentaire et à redoubler d’efforts en vue de promouvoir une véritable sécurité alimentaire dans la région.

“C’est maintenant qu’il faut agir”, affirme Bekele Geleta, secrétaire général de la Fédération internationale. “Nous ne devons pas attendre d’être confrontés à des images d’enfants émaciés sur nos écrans de télévision pendant les fêtes de fin d’année, ce qui ne manquera pas de se produire si nous n’intervenons pas énergiquement dès à présent. Le rapport de la Fédération internationale constitue un cri d’alarme très clair auquel nous ne pouvons pas rester sourds”, conclut-il.


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SOURCE : International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies (IFRC)