Des entreprises indiennes plus disciplinées que les firmes chinoises (Coface)

10/06/2009, Barbara Leblanc, L'Usine nouvelle

Les économies chinoises et indiennes ont « remarquablement » résisté à la crise, selon Yves Zlotowski, chef économiste de la Coface, qui a publié sa dernière étude sur les comportements des entreprises en matière de paiement domestique en Chine et en Inde Reste que les entreprises indiennes se sont mieux conduites que leurs homologues chinoises en 2008.

Globalement, la Coface note que les deux pays ont réussi à limiter l'impact de la crise et conserve des croissances élevées. Les deux pays ont utilisé le standard international de la vente à crédit dans les négociations contractuelles, rompant avec les coutumes de paiement par cash. Entre 2007 et 2008, les ventes à crédit ont bondi de 11% en Chine.

La Coface a donc renouvelé leur note de confiance de A3, avec un placement sous surveillance négative pour la Chine. Une différence de notation due aux comportements des entreprises chinoises dans le paiement domestique.

« Hypertrophie du recours au crédit »

Le recours au crédit ne se fait pas pour les mêmes raisons dans les deux économies émergentes. En Inde, il s'agit d'une pratique commerciale pour lutter contre la concurrence, pour 65% des cas. En Chine, c'est aussi ce critère qui arrive en tête. Mais un autre motif a connu une forte expansion en 2008 (25%) : les problèmes de trésorerie des acheteurs. « En Chine, on constate une hypertrophie du recours au crédit et un trop grand nombre d'acteurs sur les marchés. Les entreprises ont donc dû baisser leurs marges et ne peuvent faire autrement que payer avec du retard », explique Constance Boublil, économiste à la Coface.

Dans 75% des cas, le paiement intervient plus de 60 jours après échéance. En Inde, le retard n'excède pas 30 jours en moyenne. En cas d'impayés, 70% des entreprises chinoises considèrent le recouvrement amiable comme le moyen le plus efficace, contrairement à l'Inde, qui privilégie le recours à la justice, selon les principes du Common Law britannique. « Une solution qui est plus équitable et qui assure l'exequatur de la décision, ce qui n'est souvent pas le cas en Chine », explique Thierry Graffin, responsable de l'arbitrage en zone Asie pour la Coface.

Montée en gamme

Pour résoudre le problème des impayés et sous l'impulsion de la politique de relance de la Chine, certains secteurs devront se restructurer et se limiter en terme de nombre d'acteurs, comme l'automobile qui devrait passer de 150 constructeurs locaux à trois acteurs principaux. En Inde, le nombre d'acteurs est plus limité dans chaque secteur et les entreprises font davantage appel à des financements externes. Le niveau d'impayés devrait donc resté stable, sauf en cas de nouvelle crise de défiance dans l'économie mondiale.

Cette différence tient à la politique de relance de la Chine pour lutter contre la crise, qui est axée sur le développement du marché intérieur et une montée en gamme de son industrie. Le gouvernement incite les entreprises à faible valeur ajoutée à se délocaliser dans des pays voisins, comme le Vietnam ou le Bangladesh. « Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, aspire à faire de la Chine le laboratoire du monde et non plus l'usine du monde », a commenté Yves Zlotowski.