La place de l’Afrique dans le marché mondial du café en 2009

by Bénédicte Châtel

Depuis le début de la crise économique mondiale en septembre 2008, souligne l’Organisation internationale du café (OIC), les prix du café n’ont jamais autant grimpé qu’entre novembre et décembre 2009 (+4,4%), notamment s’agissant des Arabica. Le prix indicatif moyen de l’OIC a atteint les 124,96 cents américains contre 119,67 en novembre, toutes variétés confondues. Le différentiel entre l’Arabica Autres Doux et le Robusta a augmenté de 82,72 cents la livre en novembre à 88,27 en décembre.

En effet, toujours au plan mondial, l’offre est étroite avec de faibles stocks et un redressement plus faible qu’anticipé des productions dans les pays d’Amérique centrale et en Colombie, sans oublier les mauvaises conditions météorologiques au Brésil. En fait, la cherté des intrants en a réduit l’utilisation, ce qui a affecté les rendements dans nombre de pays. La production mondiale sur la campagne 2008/09 a été de 128,1 millions de sacs (Ms), selon l’OIC, face à une demande qui atteint les 130 Ms.

A noter que la hausse des prix entre novembre et décembre a surtout profité aux Doux Colombie (+7,7%), les Robusta, pour leur part, ne gagnant que 0,6%. Le prix indicatif OIC des Robusta était en décembre dernier à 69,89 cents la livre contre, certes, 69,48 en novembre, mais 73,51 en octobre et jusqu’à 82,74 en janvier, son plus haut de l’année. Au fil des mois en 2009, le prix indicatif n’a cessé de s’éroder, perdant 18,3% sur les 12 mois. En prix moyen sur l’année, le Robusta a perdu 29,16% entre 2008 et 2009 contre – 6,91% pour l’ensemble des cafés.

Quant à la récolte 2009/10, qui a démarré en avril au Brésil et dans plusieurs autres pays de l’hémisphère Sud, elle totaliserait 123,7 Ms seulement. La production totale africaine serait très stable, toujours selon les chiffres de l’OIC (qui sont les chiffres fournis par les pays), à 15,326 millions de sacs contre 15,259 millions en 2008/09, mais elle ne parviendra pas à compenser les baisses ailleurs.

La situation africaine

Une production africaine qui stagne globalement, mais ceci masque des évolutions très différentes entre Arabica et Robusta et entre pays.

Ainsi, la production d’Arabica africain augmenterait pour atteindre les 7,912 Ms contre 7,368 en 2008/09 (+7,4%), tandis que celle de Robusta chuterait à 7,414 Ms contre 7,891 la campagne précédente (-6%).

En terme de pays, la plus forte progression (48,7%) se trouve au Kenya qui atteindrait les 850 000 sacs de 60 kilos après avoir chuté à 572 000 en 2008/09; le pays retrouverait et dépasserait ses niveaux de 2006/07 lorsqu’il s’établissait à 826 000 sacs. Belle performance aussi au Cameroun (+12,7%) qui retrouverait et dépasserait également en 2009/10 ses volumes de 2006/07, à 845 000 sacs contre 836 000 sacs respectivement ; en 2008/09, la production avait plongé à 750 000 sacs.

Le premier producteur du continent, l’Ethiopie, noterait également une belle progression d’une campagne à l’autre (+11,5%), à 4 850 000 sacs en 2009/10 contre 4 350 000 sacs en 2008/09, ne parvenant cependant pas à dépasser les 4 906 000 sacs récoltés en 2007/08. Rappelons que l’Ethiopie est également un très important consommateur (1 833 000 sacs par an) de café : si on prend les chiffres 2008, derniers disponibles, c’est même le quatrième consommateur parmi les pays producteurs au monde, derrière le Brésil (17 526 000 sacs), l’Indonésie (3 333 000 sacs) et le Mexique (2 200 000) et le seul africain ! Toutefois, sa consommation stagne depuis des années, ou du moins c’est ce que révèlent les chiffres officiels (provisoires) repris par l’OIC. En outre, par habitant, sa consommation est faible, à 1,36 kg contre 5,48 au Brésil ou encore 3,77 kg au Honduras. A noter qu’en Afrique, l’Algérie est l’autre gros consommateur de café mais lui en importe et sa consommation croît : de 1 892 000 sacs en 2005 à 2 118 000 sacs en 2008. Mais elle avait atteint les 2 159 000 sacs de café consommé en 2004.

L’Ouganda, deuxième producteur continental derrière l’Ethiopie mais premier exportateur, afficherait également une progression de sa production (+6,2%), à 3 400 000 sacs contre 3 200 000 sacs en 2008/09, sa meilleure performance sur ces quatre dernières campagnes.

En revanche, la production tanzanienne chuterait de 26,2%, à 875 000 sacs contre 1 186 000 sacs en 2008/09, mais elle dépasserait légèrement ses niveaux des deux campagnes précédentes (810 000 sacs en 2007/08). La Côte d’Ivoire chuterait également (-21,4%) à 1 850 000 sacs contre 2 353 000 sacs en 2008/09 et 2 847 000 en 2006/07.

La consommation moyenne par habitant dans les pays africains demeure très faible, à 1,47 kg en 2008 à Madagascar et même 0,92 kg en Côte d’Ivoire.

Les exportations africaines de café de janvier à novembre 2008 et 2009, en milliers de sacs (ms) de 60 kgs :

Total mondial : 88 646 ms en janvier-novembre 2008 et 86 803 ms en janvier-novembre 2009 (soit -2,1%)

Total mondial Arabica : 58 027 ms et 55 386 ms (+1,6%)
Total mondial Robusta : 30 619 ms et 31 417 ms (+4,4%)

Angola : 6 ms et 7 ms (+8,5%)
Burundi : 217 ms et 306 ms (+40,7%)
Cameroun : 517 ms et 557 ms (+7,8%)
République Centrafricaine : 31 ms et 23 ms (-23,9%)
RD Congo : 187 ms et 143 ms (-23,4%)
Côte d’Ivoire : 1 499 ms et 1 720 ms (+14,8)
Ethiopie : 2 804 ms et 1 744 ms (-37,8%)
Gabon : 0 ms et 1 ms (+60,3 %)
Ghana : 32 ms et 18 ms (-42%)
Guinée : 197 ms et 263 ms (+33,2%)
Kenya : 563 ms et 527 ms (-6,5%)
Madagascar : 186 ms et 70 ms (- 62,5%)
Malawi : 22 ms et 9 ms (-59,1%)
Nigeria : 1 ms et 1 ms (-36,5%)
Rwanda : 272 ms et 160 ms (-41%)
Tanzanie : 705 ms et 1 068 ms (+51,3%)
Togo : 119 ms et 144 ms (+20,3%)
Ouganda : 3 012 ms et 2 747 ms (-8,8%)
Zambie : 43 ms et 26 ms (-40,7%)
Zimbabwe : 21 ms et 15 ms (-27,5%)