L'ombre du djihadisme plane sur une Libye divisée
Minée par de sourdes luttes de pouvoir et un radicalisme mortifère, la Libye semble s'enfoncer dans des abîmes d'incertitude. Face au chaos politico-sécuritaire, dont le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'est récemment alarmé dans un rapport, l'Italie a annoncé dimanche la fermeture temporaire de son ambassade à Tripoli. Une mesure prophylactique motivée par la dangereuse montée en puissance des milices djihadistes. La semaine dernière, en effet, des combattants affiliés à l'autoproclamé Etat islamique (EI) ont pris le contrôle de plusieurs bâtiments officiels à Syrte, dont des chaînes de radio et de télévision, rapporte Voice of America. Pour Afrik.com, le risque est grand de voir la ville natale de feu Mouammar Kadhafi connaître le même sort que Derna (Cyrénaïque, Est), "désormais transformée en émirat". La décapitation de vingt et un chrétiens coptes, revendiquée par l'EI, ajoute également au pessimisme ambiant, laissant craindre de futures attaques contre l'Egypte, relève Commentary. D'autant que Le Caire a bombardé lundi plusieurs positions de l'EI, tuant des dizaines de militants du groupe terroriste. Si la violence progresse, c'est parce qu'elle trouve un terreau favorable pour s'épanouir, à savoir le délitement du système politique. Personne, aujourd'hui, ne peut dire qui détient l'autorité réelle dans le pays, tiraillé entre deuxgouvernements rivaux aux alliances mouvantes, souligne Jason Pack, chercheur à Cambridge et président de Libya-Analysis.com, dans une chronique sur Al-Jazira. Alors que la bataille du pétrole fait rage sur fond de chute des cours et de la production, d'aucuns redoutent que la Libye implose économiquement (Al Bawaba). C'est le cas notamment du New York Times qui, dans un éditorial, appelle les dirigeants de la région et occidentaux à intervenir sans tarder. Faute de quoi il sera trop tard pour inverser la tendance et éviter l'effondrement total de l'Etat.
Via lemonde.fr