Force militaire panarabe : un simple mirage ?

Jusqu'ici, elle pâtissait d'une image peu flatteuse, celle d'une organisation minée de l'intérieur par de sourdes querelles picrocholines. Aujourd'hui, alors que l'engagement américain au Moyen-Orient tend à s'amollir, la Ligue arabe, née en mars 1945, semble connaître une "renaissance", constatent les chercheurs David Schenker et Gilad Wenig dans une tribune commune au Wall Street Journal. De fait, ses Etats membres (à l'exception de la Syrie, suspendue), réunis dimanche en sommet à Charm el-Cheikh (Egypte), se sont entendus sur le principe d'une force militaire conjointe. Celle-ci serait composée de quelque 40 000 soldats d'élite, appuyés par des avions de chasse et des navires de guerre, selon des responsables égyptiens. Comme l'explique le Washington Times, la création de cette avant-garde militaire est avant tout motivée par le désir de l'Arabie saoudite (sunnite) de contenir l'influence de l'Iran chiite et de ses affidés – comme au Yémen, devenu terre d'affrontement par procuration entre les deux puissances régionales. Mais pas seulement. Il s'agit aussi de faire pièce aux "groupes terroristes", à commencer par les suppôts de l'autoproclamé Etat islamique, qui, après la Syrie et l'Irak, étendent leur emprise en Libye. Reste que les analystes nourrissent de sérieux doutes sur la capacité d'une telle alliance à fonctionner. Quel niveau de coordination réel est-il en effet possible d'atteindre dans un monde arabe constamment divisé ?, s'interroge la BBC. Pour USA Today et le Washington Post, cela ne peut qu'attiser dangereusement les tensions. Middle East Online en veut pour preuve qu'au Yémen le dialogue apparaît comme une perspective de plus en plus chimérique. Irfan Husain, de Dawn, le regrette, déplorant le fait que Riyad et ses partenaires du Golfe préfèrent "verser de l'essence sur l'incendie" plutôt que de chercher un règlement négocié. 

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