En Erythrée, la sombre dérive d'un Etat totalitaire

Fermée, orwellienne, répressive à outrance : l'Erythrée, petit pays de 6,3 millions d'habitants de la Corne de l'Afrique, n'a rien à envier à la Corée du Nord de Kim Jong-un. Dans son dernier rapport, fruit d'un an d'enquête menée auprès de nombreux réfugiés, l'ONU décrit ainsi un système de violation des droits humains "d'une portée et d'une ampleur rarement observées ailleurs", relate The Daily Telegraph. Doté de tous les attributs d'un Etat totalitaire, le régime du président Issayas Afewerki, au pouvoir depuis vingt-deux ans, règne, non par le droit, mais par la peur (BBC). Exécutions extrajudiciaires, torture, travail forcé : l'appareil au service du pouvoir ne recule devant aucune exaction pour faire respecter l'ordre et s'assurer la soumission totale de la population, détaille The Guardian. D'après les experts mandatés par les Nations unies, dont The New York Times se fait l'écho, "la volonté initiale d'assurer la survie du jeune Etat érythréen [après 1991 et la fin d'une guerre d'indépendance de trente ans contre l'Ethiopie] a rapidement dérivé vers des pratiques totalitaires". Lesquelles s'apparentent désormais à des crimes contre l'humanité, souligne l'une des membres du panel onusien, Sheila Keetharuth, dans un entretien à la Deutsche Welle. Rien d'étonnant, dans ces circonstances, à ce que les citoyens soient tentés de prendre le périlleux – et parfois mortel – chemin de l'exil. Ils seraient ainsi près de 5 000 chaque mois à fuir leur patrie pour tenter de rejoindre l'Europe, souligne The Wall Street Journal. Une manière aussi d'échapper aux sycophantes de la police secrète, chargés de surveiller de près les opposants. Pour Elias Groll, rédacteur en chef adjoint de Foreign Policy, le document de l'ONU prouve surtout combien la réflexion est limitée sur la manière d'améliorer les choses dans les pays qui poussent les migrants à l'exode ; ceux-là même que les capitales européennes sont si déterminés à stopper en Méditerranée...

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