La Libye fracturée face au péril de l'Etat islamique (via LeMonde.fr)

Balkanisée à l'extrême, structurellement vacillante, la Libye est-elle condamnée à voir flotter le drapeau noir de la Tripolitaine (Ouest) à la Cyrénaïque (Est) ? Pas à pas, les djihadistes de l'Etat islamique (EI), s'appuyant sur un riche vivier de combattants et de ressources, y tissent leur toile mortifère, comme en Syrie et en Irak. Après avoir pris le contrôle de l'aéroport de Syrte – ville natale de l'ancien "Guide" Mouammar Kadhafi – la semaine dernière, ils ont revendiqué dimanche un attentat-suicide aux abords de la ville portuaire de Misrata visant les miliciens "apostats" de Fajr Libya ("Aube de la Libye"), agrégat de milices hétéroclites qui soutiennent le gouvernement de Tripoli (non reconnu par la communauté internationale). Bilan de l'opération : cinq morts, rapportent The Daily Telegraph et Voice of America. Face à la menace de plus en plus pressante de l'EI, Fajr Libya a appelé les Libyens à faire front commun. Pour le quotidien algérien Liberté, le défi est de taille, car "la survie même de la Libye en tant que pays est en jeu". Déplorant l'impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers interlibyens, le rédacteur en chef du Libya Herald presse tous les acteurs impliqués dans ces négociations de manière directe ou indirecte de s'entendre pour mieux faire pièce à Daech (acronyme arabe de l'EI) tant que celui-ci peut encore être contenu. De leur côté, les Occidentaux ne cessent de s'alarmer, au fil des semaines, de l'expansion territoriale de l'EI aux portes de l'Europe, note The New York Times. Une crainte légitime qui, pourtant, ne suscite aucune riposte commune, dénonce Geopolitical Monitor. Et de conclure, avec amertume : "Que l'Union (européenne) soit incapable ne serait-ce que d'essayer de mettre au point une stratégie sérieuse et coordonnée pour remédier à la situation est le constat le plus accablant. Cela prouve que, quelle que soit sa proximité ou sa gravité, aucune crise ne saurait tirer La Belle au bois dormant de son sommeil géopolitique."