Dissolution du Service d’intelligence économique algérien - Analyse d'Africa Diligence
La nouvelle est tombée comme un
couperet le 31/08/15 : le service de l’intelligence économique qui
dépendait du Département des renseignements et de la sécurité algérien a
été dissout par décret du président Bouteflika. Un acte à replacer dans
un contexte de politique intérieure marqué par des luttes de clans et
de positionnement.
Pour la majorité des analystes, la
dissolution du Service d’intelligence économique (SIE), dirigé par le
général Achour Ouadahi, s’inscrit dans la bataille sans merci du clan
présidentiel algérien au patron du Département des renseignements et de
la sécurité, plus connu sous le pseudonyme de « Tewfik. » Cette
dissolution survient après celle du service de la presse (Centre de
communication et diffusion), de la justice (Service de la Police
judiciaire), et du Groupe d’intervention spécial. La Direction centrale
de la sécurité de l’armée (DCSA), quant à elle, revient désormais au
chef d’état-major de l’armée, le général Gaïd Saleh, un proche du
président Bouteflika. La Sécurité présidentielle est dorénavant sous la
coupe de la garde républicaine.
L’Algérie est touchée de plein fouet par
la chute continue du prix du pétrole, à l’image d’autres producteurs
africains d’hydrocarbures, qui a provoqué une chute des réserves de
change de près de 20 milliards USD en l’espace de six mois, d’après la
Banque centrale d’Algérie (BA). En rappel, ces réserves s’établissaient à
159,027 milliards USD à la fin du premier semestre 2015, contre 178,928
milliards USD à la fin du second semestre 2014, soit une chute de 34,24
milliards USD en une année, d’après les statistiques croisées de
Knowdys Database.
Parallèlement à la contraction des
recettes de la fiscalité pétrolière, le solde global du Trésor s’est
détérioré davantage pour atteindre un déficit de 902,8 milliards de
Dinar Algérien (DA) à fin mai 2015 contre un niveau de 463 milliards de
DA au premier semestre 2014.
Le repli des importations, quant à lui,
n’a compensé que partiellement la baisse des exportations des
hydrocarbures. Il en a résulté un déficit de la balance commerciale de
8,18 milliards de dollars contre un excédent de 2,31 milliards de
dollars au premier semestre 2014. Le solde global de la balance des
paiements a affiché un déficit de 14,39 milliards USD au premier
semestre 2014 dont 10,73 au premier trimestre et 3,66 milliards USD au
second trimestre, contre un déficit de seulement 1,32 milliard USD sur
l’ensemble du premier semestre 2014.
La crise du pétrole commence à engendrer
des tensions sociales. Le pouvoir d’achat est déjà affecté par la chute
de 35% du DA. La réduction prévue des dépenses publiques de près de 9%
en 2016 entravera les programmes de logements sociaux et de
recrutements. Les salaires des fonctionnaires pourraient également en
payer le prix. C’est dire si le président Bouteflika a besoin d’un
service national de veille et d’intelligence économique performant pour
contribuer au redressement de l’économie algérienne dans un
environnement incertain et turbulent.