Politique au Congo : le pari risqué de Denis Sassou-Nguesso
via www.lemonde.fr
Connaîtra-t-il le même sort que le Burkinabé Blaise Compaoré, acculé à la démission il y a presque un an ? Denis Sassou-Nguesso, 72 ans (dont une trentaine à la tête du Congo) a en tout cas ouvert la boîte de Pandore en annonçant, le 22 septembre, la tenue d'un référendum constitutionnel le 25 octobre – un "violent tacle asséné aux institutions du 20 janvier 2002 [date de l'entrée en vigueur de la Constitution]", selon Congopage.com. Riche de 241 articles, ce projet de réforme permettrait au chef de l'Etat, en cas d'adoption, de se maintenir potentiellement au pouvoir pendant quinze années supplémentaires. En l'état actuel de la Constitution, rappelle Jeune Afrique, deux articles lui barrent la route : l'un restreignant l'âge des candidats à 70 ans, l'autre limitant à deux le nombre de mandats successifs (il a l'intention d'en briguer un troisième en 2016). Signe des tensions qui parcourent le pays, au moins quatre personnes ont été tuées, mardi, dans des heurts entre forces de l'ordre et opposants au référendum. Pour le journal burkinabé Le Pays, Denis Sassou-Nguesso, "l'un des ploutocrates les plus controversés du continent", prend un risque. Evoquant, à l'appui de son analyse, l'exaspération de la jeunesse congolaise vis-à-vis d'une "gestion clientéliste et monopolistique des ressources économiques du pays par le clan familial et les courtisans du président", il exhorte ce dernier à ne pas franchir le Rubicon. Le clanisme et ses privilèges, c'est aussi ce que fustige le site Mwinda.org, qui ne semble nourrir aucun espoir de voir "l'autocrate de Brazzaville" entendre raison. Journal de Brazza.com, de son côté, voit en lui un obstacle à l'unité nationale. Et conclut par un appel solennel à serrer les rangs : "Peuple congolais, il ne faut plus lui donner l'occasion de nous diviser. Certes, nous n'avons pas le même passé, mais nous sommes condamnés à bâtir ensemble un avenir commun."