L'UE se tourne vers l'Afrique, d'aucuns se ferment (via Le Monde)

Le sommet européen de La Valette, qui s'est ouvert mercredi en présence d'une cinquantaine de dirigeants africains et européens, a insisté sur la nécessité de solutions communes à la crise migratoire mettant à mal la cohésion de l'Union européenne (UE). Mais, sur le terrain, les Etats européens ont continué d'appliquer des décisions isolées. Comme la Hongrie, la Slovénie a commencé à ériger une clôture le long de certaines parties de sa frontière avec la Croatie, expliquant vouloir mieux contrôler l'afflux de migrants qui souhaitent passer par son territoire pour se rendre dans d'autres parties de l'UE. Depuis la mi-octobre, environ 180 000 personnes sont entrées en Slovénie. Beaucoup viennent d'Afghanistan et de Syrie, deux pays en proie à la guerre civile. La plupart souhaitent se rendre en Autriche et, de là, en Allemagne. La Suède a annoncé parallèlement qu'elle allait instaurer des contrôles provisoires à ses frontières. Le pays prévoit l'arrivée de quelque
190 000 demandeurs d'asile cette année, soit le double du record atteint au début des années 1990. "Certains pays ont adopté une attitude d'Europe forteresse", a déploré à La Valette la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini. "Ensemble, refusons la stigmatisation, la politique des barricades et le repli sur soi", a lancé de son côté le président du Sénégal, Macky Sall. Les Européens espèrent toutefois convaincre les dirigeants africains de les aider à freiner les flux de migrants. Ils proposent notamment un fonds d'aide pour leur continent, que la Commission européenne espère porter à 3,6 milliards d'euros, avec la contribution des 28 Etats membres. L'un des points les plus épineux concerne les "retours et réadmissions" en Afrique des migrants irréguliers, que l'UE veut accélérer. La réadmission "dépend aussi des conditions qui seront mises en place", selon le président nigérien, Issoufou Mahamadou. Le sommet devrait déboucher sur un "plan d'action", avec aides financières et logistiques, et des plans de réinsertion ciblés pour les migrants irréguliers renvoyés vers l'Afrique.