e-RMB: La Chine lance un essai à grande échelle d'une monnaie numérique d'État

Selon le site Le Vent de Chine, en date du 24 avril 2020
  • La Banque Centrale restera l’émettrice du e-yuan dont elle assurera la supervision auprès des banques commerciales et institutions financières qui, en retour, se chargeront de la distribution au public. Le DCEP présente à la fois les avantages des crypto-devises (faibles coûts d’émissions et de stockage), et des monnaies traditionnelles (valeur faciale stable). L’Etat chinois gardera donc fermement la main sur ce « bityuan », tandis que les données liées aux transactions financières lui reviendront, lui permettant ainsi de lutter plus efficacement contre la fraude et le blanchiment d’argent. Adieu donc aux doux rêves d’une devise virtuelle décentralisée et complètement anonyme, comme le bitcoin. Des mots d’un professionnel du secteur bancaire, « la technologie apportera des ouvertures, mais pas de révolution »

Comme à son habitude, la Chine teste au niveau local avant d’étendre le concept au niveau national. Shenzhen, la « Silicon Valley » chinoise, Chengdu, Suzhou et Xiong’an auront l’honneur d’essayer le e-yuan par l’intermédiaire des « quatre sœurs », les banques ICBC, China Construction Bank, Agricultural Bank of China, et la Bank of China, auxquelles seront conviés les trois opérateurs télécoms, China Telecom, China Mobile, et China Unicom – une affaire d’Etat en somme. Les géants de l’internet seront aussi de la partie (Tencent, Alibaba, Baidu) ainsi que le champion des télécoms Huawei. L’expérimentation ira même plus loin à Xiong’an, ville nouvelle au sud de Pékin, où quelques chaînes américaines sont également invitées à participer telles Starbucks, Subway et McDonald’s, ainsi que 19 commerces locaux (hôtels, épiceries, restaurant de pains vapeurs, librairie et salle de gym).


Outre ses aspects domestiques, l’autre enjeu pour ce e-yuan sera de promouvoir l’internationalisation du RMB, notamment par le biais de ses routes de la soie (BRI). En effet, le e-renminbi devrait en théorie permettre d’effectuer des paiements transfrontaliers sans passer par les banques qui facturent ces transactions et nécessitent plus de temps, contournant ainsi le système bancaire occidental (SWIFT…). Cependant, les autorités chinoises ne semblent pas prêtes à céder d’un pouce sur leur contrôle des changes. C’est pourquoi, malgré les bonnes intentions affichées, le yuan ne représente que moins de 3% des paiements internationaux. Sauf que pour internationaliser une monnaie, il faut accepter de perdre le contrôle de sa circulation hors de son territoire. Manifestement, ce n’est pas une concession que la Chine est encore prête à faire, e-yuan ou pas.



Pour le site belge Trends, ce déploiement serait aussi en lien avec les Jeux olympiques d'hiver de Pékin en 2022.
  • Cette démarche s'inscrit dans la volonté de la Chine de tracer sa population et son économie. Puisque les transactions en espèces étant par définition hors ligne donc intraçables, et que les données sur les transactions des plateformes de paiement existantes sont dispersées, la banque centrale est incapable de surveiller les flux de trésorerie en temps réel.
  • Une monnaie numérique souveraine offre une alternative fonctionnelle au système de règlement en dollars et atténue l'impact de toute sanction ou menace d'exclusion, tant au niveau du pays que des entreprises. Elle peut également faciliter l'intégration dans les marchés des devises négociés au niveau mondial avec un risque réduit de perturbations politiques.

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